Le soleil s'est encore levé ce matin. C'est étrange comme le temps passe. Dans le métro, elle regarde les vivants. Ils font leurs courses, lisent le journal, parlent au téléphone, se grattent le nez devant la vitre. S'ils s'affairent, c'est parce qu'ils ne savent pas.
Elle règle le volume de son i-pod au maximum. "Dans ma pipe, je brûlerai mes souvenirs d'enfance, mes rêves inachevés, mes restes d'espérance..." Il y a encore des mots, des phrases qui l'atteignent. Son coeur ne s'est peut-être pas arrêté alors. Il frémit encore. Faiblement, difficilement, douloureusement.
Des restes d'espérance... Elle ne sait pas très bien où les trouver. Dans le souvenir de son rire. Dans la musique, les livres, les sourires de ses amis. Dans les bras de sa mère. Dans les yeux de Dug. Sur les pages blanches qui la narguent, la provoquent. Le coeur tailladé par des lames de rasoir qui ne s'usent pas, elle cherche.
Et si, dans la nuit noire, les vers luisants s'éteignent ?