Et des automobiles

Publié le 09 juillet 2013 par Nicolas Esse @nicolasesse

Une à une elles s’enfilent en gouttes d’eau brillantes dans le long ruban noir de la route que le soleil d’été transforme en fil d’acier.  Sous leur fine couche de vernis transparent, de minuscules éclats de métal s’allument ou s’éteignent, selon l’angle d’incidence des rayons lumineux qui les frappent et forment une suite de taches incandescentes qui  tremblent dans les ondulations de  l’air surchauffé.

Et des automobiles.

Aux courbes pleines ou fatiguées, de toutes les couleurs, rapides ou rouillées jusqu’à l’os, trapues, basses, lisses, souples, remplies de muscles et de testostérone, remplies de journaux et de mouchoirs en papier. Des voitures qui ont fait mille fois le tour de la terre ou des voitures qui ont fait des bébés. Des voitures pour rire, pour pleurer, pour affronter la neige en été. Des voitures à vivre ou à mourir enlacés par un peuplier. Des maisons. Des boudoirs. Des abris où se réfugier. Des containers à bière ou des salles à manger. Des Deux-Chevaux ou des fusées.

Des automobiles

Une déesse ailée en figure de proue, un pot d’échappement collé au derrière. Entre les deux, cinq cents chevaux qui s’envolent en fumée, cinq cent chevaux sur une place de parking, un million de chevaux dans la cour de l’usine, un million de chevaux et pas l’ombre d’un cavalier.
Alignées en silence sous le soleil brillant, cent mille décapotables attendent une éclaircie.

Le monde attend la reprise.

Pendant ce temps, les nuages prient pour que continue la crise.