Bonne fête, Papa!
T’aurais eu 88 ans aujourd’hui.
Quatre-vingt-huit ans. C’est à la fois si vieux et pas tant que ça. Parce que la vie file soit trop rapidement, soit trop lentement, quand ça ne fait pas notre affaire.
Voilà bien le paradoxe de l’Être humain.
Je pense que tu aurais aimé vivre jusqu’à aujourd’hui. Partir te faisait peur. Je me demande si, là où tu es, tu penses encore pareil. Ou si tu te dis comme moi, pourquoi se faire chier sur la Terre, quand le Paradis est à portée? Pourquoi vouloir vivre 100 ans, éternellement, dans ce carcan qu’est le corps humain quand la fluidité de l’infiniment grand nous tend les bras?
J’espère que tu as compris notre geste, depuis le temps. J’espère que tu nous as pardonné nos faiblesses? J’espère que tu es heureux. Que tu voles comme ce fameux papillon bleu, libre comme le vent.
J’espère que tes souffrances t’ont quitté et que tu ris, comme ces fous rires que tu avais parfois.
J’espère que dans les rues de ton Paradis, tu kick le ballon comme tu le faisais dans ton enfance pour faire rire ceux qui te regardaient par la fenêtre fermée.
J’espère que tu es heureux. Simplement.
J’espère que tu es avec tes parents que je n’ai pas connus, malheureusement.
J’espère que tu te souviens que demain c’est ton anniversaire de mariage avec maman.
Comment pourrais-tu ne pas t’en souvenir? Ton père est décédé la semaine d’avant. Je sais.
Je sais que tu n’es pas trop loin. Même si tu ne l’avais jamais cru de ton vivant, on t’entend moi et Jocelyne. Et ça nous fait du bien.
J’irai planter de fleurs chez toi bientôt. C’est promis.
Je vous embrasse, toi et maman, pour votre anniversaire de mariage. Ç’aurait fait combien d’années? Près de 60?
La vie a filé. Où nous amène-t-elle maintenant?
Bonne fête, Papa
Bon anniversaire de mariage, Maman et Papa
Je vous embrasse.
Votre petite fille, Ginette
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