Le port des tongs à Paris : crasseux ou écœurant ?

Publié le 10 juillet 2013 par Fabricegil @thenewreporter
L’été est pour beaucoup de français l'occasion de "lever le pied"… mais c'est aussi, pour certains, le moment de les dénuder et de les exhiber. A défaut de croiser de temps à autre des hommes se baladant pieds nus aux abords du canal saint-martin, il n'est pas rare d'apercevoir des individus aux orteils découverts, chaussés de spartiates et/ou, plus souvent encore, de tongs.Si la banalisation du port de cette sandale, mise au point dès 5500 av. Jésus-Christ par les Égyptiens, correspond à l'envie de rester au frais afin de marcher d'un pas aéré, elle marque aussi un glissement dans le vestiaire masculin contemporain, et révèle même un abaissement général du niveau d'exigence. Ainsi, il semble désormais acceptable d'arborer dans Paris des vêtements autrefois limités à la plage ou, tout au moins, à un contexte de villégiature. De la même façon que les shorts de bain devinrent, il y a quelques années, des shorts de ville quasi ordinaires, obligeant les piscines à légiférer et à imposer le port du slip de bain, les tongs ont ainsi quitté leur milieu d'origine pour devenir des chaussures à part entière et même de véritables objets de mode.
Surnommées "Gougoune" par les Québécois, "slache" par les Belges et "flip-flop" par les Anglais, en raison du léger bruit qu'elles émettent à chaque pas, les tongs doivent, en grande partie, leur changement de statut aux étudiants des universités américaines. Revenant de leur traditionnelle semaine de décompression à Cancun, baptisée Spring Break, ceux-ci ont en effet pris l'habitude, au fil des ans, de conserver sur le campus les tongs qu'ils portaient sur la plage. Ce qui permet, aujourd'hui, à beaucoup d'entre eux de laisser reposer leurs mocassins sans porter atteinte à leur inélégance...
Malgré leur grande popularité -la compagnie brésilienne Havaianas en vendrait plus de 162 millions de paires / an- les tongs restent, avouons-le, des chaussures dégradantes, dévoilant une partie peu ragoûtante de l'anatomie et exposant leurs adeptes à de nombreux périls. En milieu parisien, la probabilité que ceux-ci terminent une journée sans s'être retourné l'ongle de l'orteil, sans avoir chuté en courant derrière un bus ou en contractant simplement je ne sais quelle mycose apparaît mince. Franchement, à tout prendre, on préférera de loin l'espadrille. La tong ne doit son utilisation qu’à la plage… c’est entendu.Fabrice Gil