On ne devrait jamais se retourner. Rarement, on résiste, car la curiosité est trop forte, trop « humaine » d’une certaine manière.
Il existe plusieurs façons de regarder en arrière. Sur son passé, j’entends. Est-ce un moyen de se sentir exister ?
Je connais quelqu’un qui consignait tous les jours des impressions sur son journal intime. Il lui a suffi d’une relecture de son année précédente pour envoyer balader tout le quotidien qu’elle avait patiemment construit durant cette année. Hop ! Du balai !
Les fantômes du passé qui resurgissent aussi : pas bon. Je connais une autre personne qui avait incidemment revu quelqu’un qui avait compté 15 années auparavant, et qui a tout plaqué en deux jours pour se rapprocher de lui. La mémoire est si étrangement sélective.
Bien sûr, le passé des autres remonte toujours aux dépens de ceux qui décrivent les situations sans pouvoir exercer la moindre influence sur les décisions prises. Temps pis…
C’est pour cela que je ne me retourne pas : j’ai trop peur de faire du mal. C’est plus commode d’aller de l’avant, et probablement plus lâche, la célèbre « fuite en avant ».
Oh, j’entends le chœur des Sages qui rappellent que c’est dans les enseignements du passé que l’on peut se permettre de construire le futur. Il y a probablement du bon sens dans ce type de conviction mais il a ses limites.
Alors, je regarde devant. Mais je ne vois rien. Alors peut-être ai-je tort ?