Il ya des moments dans la vie où l'on prend conscience du temps qui passe, qui passe sur nous, sur ce que nous étions. Il y a des moments où l'on se donne ce droit, quand on se retrouve face à soi-même. Il y a des moments dans la vie où il suffit d'une chanson, pour nous propulser vers des morceaux de notre vie d'avant, que l'on croyait oubliés. Alors on écoute la chanson, on reconstitue les morceaux, on revoit la scène, les scènes, avec une précision dont on ne se serait pas cru capable, l'atmosphère, les décors, bribe fugace de sensations, le pli d'un sourire, l'intonaton d'une voix. Alors on réalise que c'est ça, sans doute, l'âge adulte, prendre conscience que tous ces instants resteront murés dans le souvenir.
La vérité, c'est que j'ai changé, vieilli, mais qu'une parcelle de moi, telle que j'étais il y a neuf ans, presque dix, donc, quand j'y pense, telle que j'étais, même, il y a cinq ans encore, reste là, quelque part, muette, sans voix, innocente, jeune encore, pleine de certitudes et de principes, on n'est jamais, je crois, quand même, ni tout à fait le même, ni tout à fait une autre, on oublie sans jamais vraiment oublier, je ne suis ni tout à fait la même ni tout à fait une autre. Tout un paradoxe ...
Alors voilà, ce soir, j'ai décidé de me donner le droit de me souvenir de certaines chansons, de les écouter me raconter, me rappeler...
L'album "White Flag" de Dido...
Le titre "Numb" des Linkin Park...
"Qui a le droit" de P. Bruel...
Des révélateurs de moments enfouis.
Et reprendre une grande bouffée d'air à la surface. Aveuglée par la lumière.