Il y a en Amérique plusieurs Amériques. “Blue States” et “Red States”. Etats démocrates et états républicains. “Etats du Sud” (on ne dit plus “sudistes”) et Etats du Nord. “Corn Belt” (la région agricole du Mid-West) et “Rust Belt” (la region industrielle des Grands Lacs). “Coastal America” (les Etats côtiers) et “Heartland America” (le coeur de l’Amérique). Ça ressemble à une leçon de géographie, mais c’est bien de fractures politiques dont il s’agit. “Real America” –l’Amérique selon les républicains– et “le reste de l’Amérique”: la Californie hippie, les intellectuels New Yorkais, et entre les deux, les sidérurgistes, les syndicats, les hispaniques, les noirs, les profs, les universités, les gays, etc.
Et puis il y a le Texas. Ni Nord ni Sud, ni agricole ni industriel. Juste le Texas, son pétrole et ses cowboys. “Don’t mess with Texas” (on ne rigole pas avec le Texas) : la formule devenue slogan résume la place à part qu’occupe le Texas dans la fédération des Etats (plus ou moins) Unis d’Amérique. Indépendant et fier pour ceux qui y résident, arrogant et irascible pour tous les autres, le Texas, c’est la Corse.
Mais à la différence de la Corse, le Texas ne connait pas le chômage, les entreprises y sont reines et la gouvernance de l’Etat sert de modèle à la pensée économique républicaine. Son gouverneur, Rick Perry, était l’un des candidats aux présidentielles, et entend toujours jouer un rôle national.
Dernière campagne de communication en date, le Texas et son gouverneur entendent convaincre les entreprises de l’Illinois, de Californie et de New York de quitter ces Etats pour s’installer au Texas, où la taxation est plus favorable aux entreprises. Imaginez les affiches à Paris vantant les mérites de l’Allemagne, mais en négatif. Genre “Marre de payer vos impôts en France, venez chez nous”.
La campagne, qualifiée de “quelque chose entre un pet et un rot” par le gouverneur de Californie, fait réagir médias et politiques. Et quand c’est fait avec humour, je ne résiste pas à la tentation de le partager, comme avec ce clip vidéo de Lewis Black. Et si en plus on y trouve un chauffeur de taxi français alors… Irrésistible.
Mais elle est surtout l’occasion de rappeler que si vu d’ici, l’Europe à l’air d’un panier de crabes ingérable, l’Amérique aussi, connait les fractures. La différence est dans la gestion du drame. Les Etats, toujours, restent Unis vis-à-vis du monde…