Magazine Humeur

Tu sais que tu vis au bord de la mer quand, l'été...

Publié le 19 juillet 2013 par Lafeedulac

plage

La population de ton village tranquille les pieds dans l'eau est multipliée par 12. Le taux d'occupation de ta petite plage tranquille aussi. Ainsi que celui de ton resto préféré. Et contrairement aux autres endroits de France, chez toi les magasins ne ferment pas mais au contraire élargissent leurs horaires d'ouverture. Le touriste se reconnaît facilement dans les allées du supermarché, c'est celui qui, le samedi, a un plein caddie de bouffe et de jeux de plage et qui se trimbale avec bobonne, les gosses, la grand-mère et le chien dans la voiture. Oui, le touriste aime sortir en meute, même au supermarché, ça doit le rassurer.

Où que tu ailles, mais vraiment absolument partout : au supermarché, chez le dentiste, au cinéma, au restaurant, 95% des personnes portent un maillot de bain sous leurs vêtements et des tongs. Le touriste s'imagine qu'on peut se baigner partout et qu'il est indispensable de porter son maillot sur soi tout le temps, au cas où...

Circuler en voiture devient un enfer. Certes parce qu'il y a plus de monde mais surtout parce que souvent le touriste décide de faire du sport pendant ses vacances, donc il fait du vélo, mais version balade de mémé arthritique à deux à l'heure, peu lui importe que tu sois dans l'incapacité de doubler parce qu'il roule en plein milieu... Et puis, par principe, le touriste boycotte les pistes cyclables. Mais point trop n'en faut au touriste, surtout du sport, donc lorsqu'il décide d'aller chercher son pain en voiture, il se gare devant la boulangerie. Pas à 20 mètres, devant. Et si ça te gêne qu'il se gare en double file alors qu'il y a de la place juste en face, c'est parce que t'es pas détendue du string, alors que c'est c'est les vacances, quoi !

Circuler en voiture devient un enfer (bis). Par définition, le touriste n'est pas d'ici, mais il veut agir comme si, donc néglige l'usage du GPS, il préfère donc prendre son temps et ralentir pour lire les panneaux. Mais, une fois familiarisé avec la route d'accès au camping, où la vitesse est limitée à 50km/heure, se croit sur le périph' et te klaxonne quand tu ralentis pour tourner dans ta rue, en arrivant à 80 km/heure derrière toi. Parfois, le touriste est malin, il se dit que puisque tu es immatriculée « local » tu utilises des raccourcis alors il te suit pour connaître lui aussi, et faire la star devant ses potes à l'apéro du camping. Bien sûr, s'il avait pris le temps de regarder le nom de la rue dans laquelle tu as tourné, il aurait vu que le terme « impasse » n'augurait rien de bon pour son cas.

La plage devient une sorte de zone sinistrée, où les mégots côtoient les gobelets et autres emballages qui n'ont rien de biodégradable. Le touriste aime laisser des traces de son passage, il se plaît certainement à imaginer les archéologues des temps futurs heureux de retrouver le blister de son sandwich jambon-œuf-mayo. Peut-être que ces mêmes archéologues se demanderont à quoi servaient ces containers sur lesquels est inscrit le mot « poubelle »... Après la disparition des dinosaures et la construction des pyramides, ce sera la nouvelle énigme.

Tu n'es plus chez toi... même chez toi. Pour un peu que la traversée de ton jardin permette de réduire la distance entre le camping ou la maison de location et la plage, ça deviendra un passage comme un autre pour le touriste, qui prendra même la peine de découper plus ou moins proprement ton grillage de clôture pour ne pas être obligé de l'escalader à chaque fois, et risquer de se blesser ou de déchirer ses fringues. Que tes enfants puissent sortir par le trou béant laissé ne sera qu'un dommage collatéral. Ne t'en fais pas, il prendra aussi un sécateur pour se faire un bouquet dans tes massifs, le touriste n'est pas un sauvage, contrairement à toi, il vient de la grande ville civilisée, lui !

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