Rediffusion estivale pour Caroline : Vive le monde moderne VS à bas le monde moderne

Publié le 23 juillet 2013 par Anaïs Valente

A la date du 19 décembre 2010, un dimanche, des chroniques livres, puisque le dimanche on lit au lit. Notamment une chronique très noëllesque, si tu veux tout de même avoir un billet à la date choisie.

Je rediffuse donc le billet de la veille, du 18, dont la lecture est plus sympa que des billets sur des livres parus il y a plus de deux ans :

En regardant Dirty Dancing en DVD l’autre jour, j’ai réalisé à quel point le monde moderne facilitait ce genre de chose : mater un film, au moment où je le désire, à la seconde où je l’exige.

Passque quand j’étais môme, au siècle dernier, ben c’était pas si facile, rha ben non ma bonne Dame.

D’abord, les magnétoscopes, ça coûtait un pont quand j’étais môme.  C’était du super méga luxe.  Notre premier, acheté d’occasion, le fut pour la modique somme de 2 000 eur.  2 000 eur de l’époque, soit encore bien plus actuellement.  Avoir un magnétoscope, c’était du luxe, puisque je vous le dis.

Ensuite, bien sûr, y’avait pas internet, on écrivait dans les grottes avec des branches noircies par le feu, du moins après qu’on l’ait inventé, le feu, donc impossible de regarder quoi que ce soit en streaming, ni de télécharger quoi que ce soit.  Impossible, de plus, je fais une petite digression, de trouver le nom d’un acteur ou d’un film sur internet, via Google, ce qui me contraignait, quand j’avais un nom sur le bout de la langue et que ça m’exaspérait de ne pas le retrouver pire qu’un moustique la nuit, à envoyer un sms à mes copines pour obtenir de l’aide (exemple : c’est qui déjà la femme du mec qui jouait dans ce film sur les avions de chasse, un brun craquant là…) – et là je parle d’après l’arrivée des GSM, car avant, c’était encore plus l’enfer…  Fin de la digression.

Alors, quand on voulait voir un film, on louait la cassette à la vidéothèque du coin.  Pas de VOSTF disponible, bien sûr, fallait se contenter de la VF.  J’en suis même à me demander si je savais que les VO existaient, habituée que j’étais à tout voir en français.

Pour Dirty Dancing, en 1987 donc, j’avais obtenu qu’on le loue un samedi, ce qui permettait de garder la cassette jusqu’au lundi matin, ô bonheur suprême.

Bien sûr, j’avais vu Dirty Dancing au cinéma.  Et m’étais prise d’une passion folle pour Patrick Swayze (c’était de mon âge, à l’époque… cela ne l’est plus maintenant, ce qui ne m’empêche nullement d’encore fantasmer sur ses pectoraux en chocolat belge).  J’avais acheté les deux cassettes (et oui, le CD n’existait pas encore) contenant la BOF, je collais des photos de Patrick dans mon journal intime, je traduisais mal She’s like the wind, que j’avais choppée sur une radio et que j’écoutais en boucle en rêvant que Johnny/Patrick me fasse danser puis me fasse l’amour comme un dieu du sexe.

Alors, l’arrivée de cette cassette vidéo de location dans ma vie mon week-end, ben c’était comme l’arrivée de Saint-Nicolas, comme la résurrection du Christ, comme la nouvelle collection d’écharpes Strelli : un bonheur.

Le samedi soir, donc, vision en famille de Dirty Dancing.

Et le dimanche, j’obtiens de le regarder encore deux fois, avant qu’on le (le = Patriiiick) range gentiment dans sa boîte pour le rapporter le lendemain au vidéoclub.  Tout ça sur la télé du salon, car bien sûr, à l’époque, c’était une télé par famille.  Je sais, c’était Les misérables quand j’étais môme, même qu’on jouait au tennis sur Atari, la misère je vous dis, mais j’en parlerai un autre jour, du tennis sur Atari ou de Donkey Kong, une digression suffit par billet.

Cela fait un bail maintenant, mais je m’en souviens comme si c’était hier.  Intense dimanche que celui-là, puis tristesse de devoir rendre la cassette.

Tristesse intense.

Désespoir profond.

Alors que de nos jours, ben c’est la satisfaction du besoin immédiat, ou la satisfaction immédiate du besoin enfin c’est chou vert et vert chou.  Avec internet, avec les DVD, avec les locations à la demande, avec le voocorder qui peut même mettre le programme en pause (je l’ai toujours pas, m’ont jamais rappelé chez Voo, enfin chez moi, mais je perds pas espoir)…

Bonheur immédiat.

Mais peut-être, sans doute, certainement, moins intense que celui que j’ai eu à pouvoir regarder deux fois Dirty Dancing sur un seul dimanche, sachant que je ne le verrais ensuite plus avant des mois, lors de son passage à la télévision.

Finalement, eske le bonheur immédiat ne gâcherait pas le plaisir de l’attente du bonheur, tout bien réfléchi ?

A la date du 19 décembre 2010, un dimanche, des chroniques livres, puisque le dimanche on lit au lit. Notamment une chronique très noëllesque, si tu veux tout de même avoir un billet à la date choisie.

Je rediffuse donc le billet de la veille, du 18, dont la lecture est plus sympa que des billets sur des livres parus il y a plus de deux ans :

En regardant Dirty Dancing en DVD l’autre jour, j’ai réalisé à quel point le monde moderne facilitait ce genre de chose : mater un film, au moment où je le désire, à la seconde où je l’exige.

Passque quand j’étais môme, au siècle dernier, ben c’était pas si facile, rha ben non ma bonne Dame.

D’abord, les magnétoscopes, ça coûtait un pont quand j’étais môme.  C’était du super méga luxe.  Notre premier, acheté d’occasion, le fut pour la modique somme de 2 000 eur.  2 000 eur de l’époque, soit encore bien plus actuellement.  Avoir un magnétoscope, c’était du luxe, puisque je vous le dis.

Ensuite, bien sûr, y’avait pas internet, on écrivait dans les grottes avec des branches noircies par le feu, du moins après qu’on l’ait inventé, le feu, donc impossible de regarder quoi que ce soit en streaming, ni de télécharger quoi que ce soit.  Impossible, de plus, je fais une petite digression, de trouver le nom d’un acteur ou d’un film sur internet, via Google, ce qui me contraignait, quand j’avais un nom sur le bout de la langue et que ça m’exaspérait de ne pas le retrouver pire qu’un moustique la nuit, à envoyer un sms à mes copines pour obtenir de l’aide (exemple : c’est qui déjà la femme du mec qui jouait dans ce film sur les avions de chasse, un brun craquant là…) – et là je parle d’après l’arrivée des GSM, car avant, c’était encore plus l’enfer…  Fin de la digression.

Alors, quand on voulait voir un film, on louait la cassette à la vidéothèque du coin.  Pas de VOSTF disponible, bien sûr, fallait se contenter de la VF.  J’en suis même à me demander si je savais que les VO existaient, habituée que j’étais à tout voir en français.

Pour Dirty Dancing, en 1987 donc, j’avais obtenu qu’on le loue un samedi, ce qui permettait de garder la cassette jusqu’au lundi matin, ô bonheur suprême.

Bien sûr, j’avais vu Dirty Dancing au cinéma.  Et m’étais prise d’une passion folle pour Patrick Swayze (c’était de mon âge, à l’époque… cela ne l’est plus maintenant, ce qui ne m’empêche nullement d’encore fantasmer sur ses pectoraux en chocolat belge).  J’avais acheté les deux cassettes (et oui, le CD n’existait pas encore) contenant la BOF, je collais des photos de Patrick dans mon journal intime, je traduisais mal She’s like the wind, que j’avais choppée sur une radio et que j’écoutais en boucle en rêvant que Johnny/Patrick me fasse danser puis me fasse l’amour comme un dieu du sexe.

Alors, l’arrivée de cette cassette vidéo de location dans ma vie mon week-end, ben c’était comme l’arrivée de Saint-Nicolas, comme la résurrection du Christ, comme la nouvelle collection d’écharpes Strelli : un bonheur.

Le samedi soir, donc, vision en famille de Dirty Dancing.

Et le dimanche, j’obtiens de le regarder encore deux fois, avant qu’on le (le = Patriiiick) range gentiment dans sa boîte pour le rapporter le lendemain au vidéoclub.  Tout ça sur la télé du salon, car bien sûr, à l’époque, c’était une télé par famille.  Je sais, c’était Les misérables quand j’étais môme, même qu’on jouait au tennis sur Atari, la misère je vous dis, mais j’en parlerai un autre jour, du tennis sur Atari ou de Donkey Kong, une digression suffit par billet.

Cela fait un bail maintenant, mais je m’en souviens comme si c’était hier.  Intense dimanche que celui-là, puis tristesse de devoir rendre la cassette.

Tristesse intense.

Désespoir profond.

Alors que de nos jours, ben c’est la satisfaction du besoin immédiat, ou la satisfaction immédiate du besoin enfin c’est chou vert et vert chou.  Avec internet, avec les DVD, avec les locations à la demande, avec le voocorder qui peut même mettre le programme en pause (je l’ai toujours pas, m’ont jamais rappelé chez Voo, enfin chez moi, mais je perds pas espoir)…

Bonheur immédiat.

Mais peut-être, sans doute, certainement, moins intense que celui que j’ai eu à pouvoir regarder deux fois Dirty Dancing sur un seul dimanche, sachant que je ne le verrais ensuite plus avant des mois, lors de son passage à la télévision.

Finalement, eske le bonheur immédiat ne gâcherait pas le plaisir de l’attente du bonheur, tout bien réfléchi ?