Ce film de Stephen Daldry est adapté d’un roman de Jonathan Safran Foer. J’avais entendu beaucoup de bien sur le film comme sur le livre, mais ne m’y étais jusqu’ici jamais attaquée. Peut-être par manque de temps, peut-être par mouvement de recul instinctif par rapport à la dureté du sujet. Le 11 septembre.
Le 11 septembre à travers les yeux d’Oskar, 11 ans, qui l’appelle le « pire jour ». Le jour où il a perdu son père, le meilleur père du monde, qui l’aidait à surmonter ses peurs et sa différence. Car Oskar est plus intelligent que la moyenne, et plus facilement dérouté. On lui a fait passer les tests pour le syndrome d’Asperger, mais les résultats n’étaient « pas catégoriques ». Alors son père, joué par Tom Hanks, invente ses propres façons d’ouvrir Oskar au monde, avec des chasses au trésor extraordinaires dans les rues de New York, qui le forcent à parler aux gens.
Et puis le « pire jour » arrive. Et la liste des peurs d’Oskar s’allonge. Tout ce qui fait du bruit. Tout ce qui va vite. Tous les endroits où on peut se retrouver coincé – les ascenseurs… les transports en commun… les gratte-ciels.
Un jour, dans les affaires de son père, Oskar trouve une clé dans un vase, dans une petite enveloppe annotée d’un seul mot : Black. Alors il se lance dans une ultime chasse au trésor pour prolonger le souvenir de son père ; il rend visite à tous les Black de New York pour trouver la serrure qu’ouvre sa clé. Il élabore de grands calculs mathématiques pour optimiser ses recherches, organise les adresses par secteur et prévoie de passer 6 minutes avec chaque Black qu’il rencontre. Oui, mais 6 minutes, ça ne suffit jamais. Parce que chacun d’entre eux lui raconte sa propre histoire.
Oskar trouve aussi un partenaire de recherche, le vieux locataire de sa grand-mère, qui a décidé un jour de ne plus parler. Joué par Max Von Sydow, lui aussi bouscule les plans du petit garçon et l’oblige à faire face à ses peurs.
Ce film est vraiment hors du commun, il vous prend à la gorge. La perspective d’Oskar donne une force incroyable au propos. Ce petit garçon si intelligent qui tente d’appliquer un raisonnement logique à un événement qui n’a aucun sens, et qui va découvrir qu’il n’est pas le seul à souffrir.
C’est une façon vraiment originale d’aborder le 11 septembre. Le « pire jour » est omniprésent dans le film, pourtant on n’en voit que des images très intermittentes. Ce sont les conséquences qui comptent, et au fond Oskar pourrait sans doute avoir fait le même chemin si son père était mort dans un accident de voiture. Mais dans une ville qui se remet lentement de ses blessures, sa souffrance devient universelle.
Tous les personnages sont formidables. Sandra Bullock est parfaite dans le rôle de la mère d’Oskar, dont la souffrance a du mal à se mettre sur la même longueur d’onde que celle de son fils. Vers la moitié du film, ils ont une conversation d’une violence inouïe et qui sonne extrêmement vraie.
Max Von Sydow, le « locataire », est très attachant et son jeu sans paroles vous arrachera sourires et larmes.
Il y a aussi la grand-mère d’Oskar, Zoe Caldwell, et le portier de l’immeuble, John Goodman, dans des rôles plus limités dans le temps mais indispensables au personnage d’Oskar. Et puis il y a tous les Black, et surtout Abby et William Black, joués par Viola Davis et Jeffrey Wright, tous deux formidablement émouvants.
Et bien sûr il y a Oskar, joué par Thomas Horn, un jeune acteur incroyablement talentueux qui nous fait ressentir toute la confusion d'un petit garçon pas tout à fait comme les autres.