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Les tartines de l'écrivaillon

Publié le 27 avril 2008 par Dk

27 avril 2008

Les tartines de l'écrivaillon

C’est bien connu, l’inspiration est enfant de bohème, elle n’a jamais jamais connu de lois. Alors écrivaillon, prends garde à toi ! Oui, toi qui étales d’habitude les mots sur ta page aussi joyeusement que du Nutella sur ta tartine ; toi dont le seul regret est que personne ne vienne goûter à ta prose chocolat noisette. Ce flot te semble intarissable et ce n’est que par vil manque de temps que tu n’as pas encore achevé ta version toute personnelle de la saga des Rougon-Macquart.

Nutella

Et puis un beau jour, quelqu’un vient à passer pas loin de tes écrits, et te dit : « J’aime beaucoup ce que vous faites. Je vais publier une série sur la confiture de framboise : vous pourriez écrire un essai inédit qui complèterait à merveille la collection ! » Tu te réjouis, tu dis oui-bien-sûr-avec-joie, la confiture de framboise, c’est pas si éloigné que ça du Nutella, tu te réjouis encore, tu te vois déjà en haut de l’affiche.

confiture_framboise

Seulement, plus un mot ne sort. Toi qui batifolais dans les prés de l’écriture, ta première commande arrive et te voilà tout guindé. Ta fantaisie s’est envolée, tes idées se sont racornies : c’est la déconfiture (de framboise) la plus totale. Tu te désespères, tu fixes ton écran blanc avec des yeux hagards, tu n’y arriveras jamais, c’est foutu. Tu n’y crois plus, tu te demandes comment tu vas annoncer à ton commanditaire que tu ne vas pas pouvoir assurer, que sorti du Nutella, tu ne vaux pas un clou de girofle. 

Lâchement, tu t’enfuis, tu pars en week-end à la campagne, et tu oublies tout. C’est alors que, dans le train du retour, c’est plus fort que toi, tu prends le magazine gracieusement mis à ta disposition et tu te mets à griffonner dans les marges une histoire de confiture à la framboise. Tu ne sais même pas d’où elle te vient, mais il te faut bien constater que tout est à présent limpide. Tu tartines à nouveau. Moralité, c’est lorsqu’on arrête de vouloir quelque chose que les voyages forment l’écrivaillon.

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