The Wolverine ou Wolverine, Le combat de l’immortel pour la version française (titre qu’on va oublier tout de suite), fait suite à X-Men l’affrontement final (que l’on oublie lui aussi tout de suite) ainsi qu’au prequel X- Men Origins: Wolverine (qui lui n’a jamais existé).
Je vous l’avoue très honnêtement, The Wolverine était un film dont je ne savais quoi penser. Faisant suite à un film vraiment pas terrible (XMen 3) et suite à la purge que nous avait offerte Gavin Hood (X-Men Origins: Wolverine se plaçant pour ma part juste après Batman et Robin et Catwoman au podium des pires nanars d’adaptation de superhéros sur grand écran).
Puis Darren Aronofsky est arrivé sur ce projet et ma curiosité l’a emporté car j’ai beau ne pas être fan du réalisateur, il faut admettre que le monsieur a du talent et j’étais curieux du résultat qui pouvait découdre d’une rencontre aussi improbable entre 2 univers si différents.
Puis la défection d’Aronofski m’avait fait reperdre espoir malgré la certitude que ce film serait l’adaptation de l’arc narratif dans lequel Wolverine part au Japon en découdre avec les yakuzas (et dont le génial Frank Miller bossait dessus).
L’arrivée de James Mangold, réalisateur beaucoup trop méconnu à mon avis, véritable caméléon alternant les genres et les réussites artistiques m’avait complètement redonné foi en ce projet que je croyais perdu, d’autant plus avec la présence de Christopher McQuarrie aux commandes du scénario.
Enfin, l’arrivée des bandes annonces sur internet m’avaient sacrément refroidi, laissant présager un film aux scènes d’action aussi bâclées que le précédent prequel et ne faisant pas honneur au héros badass qu’était Logan.
Tout ça pour dire que je n’attendais pas énormément de ce film et que par conséquent ma surprise fut de taille.
Synopsis:
Sept ans ont passé depuis X-Men : L’Affrontement final et la mort de nombreux mutants. Logan, l’éternel guerrier marginal, vit reclus dans les montagnes et fait difficilement le deuil de Jean Grey. Mais il est sorti de sa retraite et se rend au Japon où Yashida, à qui il a sauvé la vie plusieurs années auparavant, lui propose un marché : en échange de sa capacité à guérir, il le rend mortel. Logan ne se rend pas compte qu’il se trouve dans un piège mais il va l’apprendre à ses dépens.
Qui l’eut cru ? Certainement pas moi, mais le film de superhéros que j’aurais le plus apprécié en 2013 sera finalement The Wolverine.
Car oui, ce film est juste génial à de très nombreux points de vue.
Commençons par le commencement, ENFIN en cette année 2013, on a la preuve qu’un blockbuster n’a pas besoin d’effets spéciaux numériques qui te détruisent des villes et des planètes, n’a pas besoin de surenchère, de démesure dans l’action pour faire un bon film. Au final, dans ce genre de film, ce sont toujours 2 personnages qui se mettent sur la gueule et l’important, c’est l’histoire qui va avec, pas le fait qu’ils soient capables de tout détruire et de s’en sortir sans une égratignure.
Et The Wolverine prend son temps pour développer son histoire, son univers, la psychologie des personnages, les interactions entre ses protagonistes, etc. Ca fais du bien de voir une intrigue s’installer et ses personnages vivre sans pour autant être interrompu toutes les 30s par une nouvelle intrigue.
Alors les personnes qui reprocheront le manque d’action au film seront sans doute les mêmes qui trouvent ça génial de voir 50min de baston/destruction non-stop dans Man Of Steel ou qui critiquent le manque de gore dans World War Z mais bordel que ça fait du bien de voir du changement.
Car non désolé, un film de superhéros de 2h n’a pas besoin d’avoir 1h30 d’action pour être un bon film et c’est le cas ici présent. Il est vrai que The Wolverine n’est pas aussi impressionnant qu’un Man of Steel ou un Pacific Rim (il ferait presque office de film indépendant en comparaison) mais le peu d’action présente est juste géniale.
J’ai beaucoup plus pris mon pied de voir Logan se battre contre une dizaine de yakusas en colère que devant la plupart des blockbusters estivaux nettement plus mégalo dans les séquences d’action.
Le meilleur exemple de comparaison (et après j’arrête de tailler les autres grosses sorties de l’année) est la séquence sur le toit du shinkansen. Cette séquence est complètement délirante et surréaliste, pas une seule seconde on y croit réellement mais elle est génialement fun avec son côté jeu vidéo. Ce même côté jeu vidéo que l’on retrouve dans Man of Steel et le déplacement des kryptoniens sur la Terre. Pourquoi je trouve que cela marche dans Wolverine et pas dans Superman ?
Car ici, cette séquence dure 5 min et qu’elle est une bulle d’air après une course poursuite ultra réaliste et violente dans Tokyo. Alors que dans Superman, ce côté jeu vidéo (et pas conséquent extrêmement peu cinématographique) est omniprésent dans tous le film, me sortant de l’histoire.
Bref pour revenir au film, l’action est peu présente mais les scènes de baston sont magnifiquement chorégraphiées en plus d’être très bien filmées (pour une fois). Mangold apporte une réelle patte et joue sur des images fortes, le climat, la photographie et les jeux d’ombre et de lumière pour nous livrer un spectacle graphique extrêmement poussé, avec un réel côté comics très appréciable.
Néanmoins, il se permet aussi quelques moment que je qualifierais de poétique, dans la confrontation entre Logan, représentant la sauvagerie de l’homme sans âge (car il est immortel haha) à l’extrême et de sa rencontre avec un Japon à la fois traditionnel et extrêmement moderne.
Le film n’oublie pas d’apporter de l’humour assez régulièrement (peut être le plus drôle de la franchise pour le moment ?) et se "marvelise" un peu à ce niveau-là sans pour autant plomber l’ambiance badass et le côté thriller/polar du film.
Car oui, à l’instar de Nolan, Mangold ne cherche pas tant à faire un film de superhéros calibré mais va plutôt lorgner vers le genre du polar, du film de mafia avec ses familles, ses mensonges, ses codes d’honneur, ses trahisons qui se marient à merveille avec l’univers japonais.
Alors certes, le film n’est pas une révolution en termes d’intrigues, d’enjeux et de psychologie mais se laisse regarder comme une série B de luxe.
On saluera au passage les superbes décors tokyoïtes du chef décorateur français François Audouy (alors que le film a été principalement tourné en Australie), la photographie d’Amir Mokr et les costumes superbement reconstitués.
On ne le dira jamais assez, mais s’il y a bien un acteur qui incarne son personnage à un point inimaginable dans l’univers des superhéros, c’est bel et bien Hugh Jackman qui pour sa 6ème apparition dans le rôle de l’homme aux griffes continuent de surprendre, d’apporter des choses à son personnage (je ne parlerais même pas de son boulot physique encore plus impressionnant que pour ses précédentes interprétations).
On découvre aussi 2 jeunes actrices japonaises: Tao Okamoto et Rila Fukushima toutes 2 dans leurs premiers grand rôle au cinéma incarnant respectivement Mariko Yashida et Yukio. Les 2 demoiselles s’en sortent à merveille (j’espère qu’elles continueront leurs carrières hollywoodienne), tout comme Will Yun Lee dans le rôle de Kenichiro Harada ou encore Hiroyuki Sanada.
J’ai trouvé cela assez osé au final de faire un blockbuster qu’avec une seule star occidentale à l’affiche mais le résultat a été payant.
On regrettera juste la performance Svetlana Khodtchenkova dans le rôle de la Vipère qui n’est pas vraiment très bien exploitée et qui ne devait pas avoir les épaules assez larges pour un rôle aussi important que cette méchante de légende du comics.
Bien évidemment le film n’est pas parfait, on regrettera la très mauvaise gestion de la perte du pouvoir de Logan qui ne représente quasiment aucun enjeu (alors que cela devrait être le sujet principal du film), le climax qui n’est pas assez épique, le twist qui n’est pas vraiment très surprenant et le final qui détonne de par son côté comics alors que les ¾ du film essayait de se donner un aspect réaliste.
J’ai aussi détesté les flashbacks omniprésents avec Jean, car ils rattachent un peu trop à mon goût le film avec XMen 3 (alors que le film aurait pu être un beau stand alone), qui viennent casser le rythme de l’histoire et qui sont surtout lourdaud et extrêmement maladroit.
Pour conclure, allez voir The Wolverine, si vous aimez le personnage, car il a retrouvé son honneur (de ronin) sur grand écran, car c’est un bon film, un super portrait du Japon fantasmé par les occidentaux ou tout simplement la preuve que l’on peut faire un film efficace et divertissant ne sacrifiant pas les personnages et l’émotion à l’action dantesque. Un beau coup de cœur.