Comment bien vivre une séparation ?

 Un papa, une maman, une maison, un chat, une voiture familiale et un ou plusieurs enfants...
Voici un modèle familial bien classique, bien propre, bien joli. C'était mon modèle. Celui de mes parents, des parents de mon (ex)compagnon, celui de la plupart de mon entourage. N'en déplaise aux statistiques.
Et puis, tout a explosé.
Ce n'était pas soudain. Contrairement à ce que certains observateurs extérieurs, bien pensants ont pu dire. C'était triste, un peu. Nécessaire, surtout.
2 ans plus tard, en me retournant, je peux affirmer qu'à aucun moment je n'ai regretté cette décision. MA décision, chose qui m'a été beaucoup reprochée, qui me colle a la peau. Pourtant, comme l'a très bien dit Mère Bordel :  "pour une rupture, comme pour une histoire d'amour ou pour faire un bébé, il faut être deux, quel que soit celui qui la décide en apparence."
Avant d'être actée, cette décision a été mûrie, ses conséquences imaginées, projetées. Je pensais avoir tout prévu, tout anticipé, comme pour me rassurer. Cependant, je me suis "psychologiquement" surprise. Les vagues que je pensais devoir affronter, prendre de plein fouet, n'étaient pas celles que je pensais.
La culpabilité envers l'enfant
Durant les mois qui ont précédé la séparation, je ne supportais pas l'idée de briser le foyer de ma fille, ma toute petite fille. Et puis, lentement, doucement, douloureusement, j'ai observé ce foyer, celui que je lui offrais, tous les jours, dans cette jolie famille "classique". Un papa, pas très heureux, une maman, s'enfonçant doucement, d'autres choses, bien trop personnelles pour être évoquées ici. Et au milieu, l'enfant, et du néant...Le deuil était fait.Je ne dis pas que je n'y repense jamais, mais à la question "Éprouvez-vous de la culpabilité par rapport à votre enfant ?", la réponse est NON. Ce que je lui offre aujourd'hui est différent, bien plus épanouissant.
L'étiquette, le modèle socialVoilà ma grande surprise. Le modèle social, la famille, un papa, une maman etc. Je pensais n'en avoir rien à cirer, c'était faux. Pas une minute, je n'avais envisagé ce thème comme un obstacle, un sujet, tout simplement. Il a fallu, creuser, au plus profond, pour trouver l'origine de cette souffrance, insidieuse, qui me ravageait, durant les premiers mois. C'était en réalité ancré en moi, ce putain de modèle.Depuis que je le sais, cela va mieux. Telle une droguée, je dois néanmoins rester vigilante, mon attirance vers ce schéma est viscérale, addictive. Je sais pourtant qu'il ne conduit pas forcément à mon bonheur. Il faut le reste, tout le reste, tout ce qui compte vraiment. Pour moi. Ne pas faire uniquement partie d'un nous.
La reconstruction de soiAprès cet échec (appelons un chat un chat), je pensais avoir besoin de temps, avoir du mal à  me projeter de nouveau dans une vie à deux, en famille recomposée. Car oui, à partir du moment où il y a séparation et un enfant, le futur ne peut être que recomposé. Ceci n'est pas péjoratif, c'est une réalité, qu'il ne faut pas oublier de prendre en compte, au risque de tout foirer.Je pensais devenir une petite chose fragile, prudente, frileuse. Oui, je me livre moins.  Car je me connais mieux et suis en paix avec moi même. Pas parceque j'ai peur. Ce chemin, je l'ai fait toute seule. Aujourd'hui, j'ai de grands projets, sans peur, sans angoisse. Je me fais confiance. Je sais que je suis forte. Je suis prête à construire de nouveau, à deux, à quatre. 
L'acceptation de SA vie
Il ne faut pas se leurrer. Partager la garde de son enfant est déstabilisant, parfois douloureux. Je considère souvent ma propre vie comme étant alternée. Si ma fille me manque, toujours, je ne vis plus ce mode de garde comme une douleur. Ma vie est ainsi. Je suis bien dans ce fonctionnement. Aujourd'hui, je ne m'imagine pas vivre autrement.
C'est peut-être cela, faire le deuil de la vie que l'on s'était imaginée, tourner la page.... être heureuse, au présent.