Chroniques d’été – Episode 14

Autobahn

Que les fans de musique électronique ne se réjouissent pas trop vite, il ne va pas être question ici de l’album de Kaftwerk, groupe mythique des années 70, mais d’autoroutes, de sérieuses autoroutes allemandes. Qui n’a jamais fait l’expérience d’une autoroute allemande, deux fois quatre voies sans aucune limitation de vitesse, n’a pas accompli tous les rites de passage de l’automobiliste confirmé.

Francfort, direction Würzburg, 17 heures. Les voitures et les camions sortent de partout, doublent à droite, à gauche, débouchent devant, bloquent la voie parce qu’ils ont attendu la dernière minute pour prendre la prochaine bretelle et que personne ne veut les laisser passer. Dans le rétroviseur, des voitures de sport surgissent de nulle part forçant les modestes berlines à s’écarter lorsqu’elles le peuvent, les voies de droites étant aussi rapides que celles de gauche. Coincés dans un flot, nous roulons à plus de 150 km/h, la petite voiture de location semble vibrer de partout. Dans l’habitacle, le silence est lourdement installé. 150 km/h, ce n’est certes pas de la formule 1 mais dans ce tourbillon de vitesse, il nous semble que nous sommes un frêle esquif dans la tempête. Chacun dans la voiture pense que sa dernière heure est venue sans rien en dire à l’autre.

Nous arrivons finalement sains et saufs à destination, conscients que dorénavant, comme des anciens conscrits ou des parturientes nous avons des récits de guerre et de douleur à raconter.

Marie-Pierre Eugène