Qu’est il arrivé au metteur en scène Night Shyamalan ? Adulé par tous il y a presque 15 ans, il est dorénavant considéré comme un metteur en scène ringard. Personne n’avait anticipé le sucées monstrueux de Sixième sens au Box Office. Même pas Miramax qui était prêt à le débarquer du film. Ce drame fantastique intimiste sans effet spéciaux, sans esbroufe et basé sur la seule force de son histoire et de ses personnages, redonnait gout pour un certain style de cinéma. Sa fin surprenante avait finis d’achever tout le monde et Shyamalan fut vite intronisé comme « le nouveau Spielberg ». C’est avec une pression énorme qu’il commença son film suivant. Incassable nous promettait une intrigue tout aussi mystérieuse avec de nouveau Bruce Willis en vedette.
"Maintenant que nous savons qui vous êtes, je sais désormais qui je suis. »
Pourquoi David Dune, ancien jouer de Football déchus, est il le seul passager à avoir survécu à un effroyable accident ferroviaire ? Les bandes annonces de l’époque nous mettaient bien la pression. Elles ne dévoilaient rien de l'intrigue et c’était un vrai plaisir que de découvrir progressivement de quel genre appartenait en réalité Incassable. Car c'est un film de super héro. Peut être la meilleure transposition du genre au cinéma. On retrouve tout ce qui nous avait tant impressionné dans le précédant film de Shyamalan. Il nous démontre une nouvelle fois sa maitrise du cadre en insérant ses personnages dans de vraies cases de BD. Plans séquences, jeux de miroirs puissants (la première scène du film est à ce titre une merveille), jeux sur les contrastes (bien/mal-haut/bas), la réalisation d’Incassable est d’une inventivité constante. Comme pour Sixième sens, le final n’est pas un « twist » de plus. Il permet de mettre en perspective le film dans sa totalité et donne furieusement envie de le revoir*. Magnifié par la musique de James Newton Howard (fidèle collaborateur de Shyamalan), c’est un véritable bijou.
Malheureusement son relatif échec au box office annoncera la chute de son réalisateur. En effet le public n’appréciera pas le rythme si particulier du long métrage. Et afin de le reconquérir, Shyamalan tentera dans ses films suivants de reproduire "ad nauseam" la même recette sans toutefois en retrouver la magie initiale. Même Bruce Willis ne retrouvera jamais plus un tel rôle et se cantonnera à jouer dans des « actions movie » sans intérêts. Conscient d’avoir trouvé là un de ses plus beau personnage, il espère un jour pouvoir tourner la suite d’Incassable*. Nous aussi.
*Magnifique création d’un super vilain à la fois réaliste et totalement raccord avec la tradition du Comic-Book. Samuel Jackson y est bouleversant.
**Incassable était à la base conçu par Shyamalan comme une trilogie. Tarantino, gros fan du film, a déclaré avoir perdue tout respect pour se dernier après avoir appris sa décision de ne pas tourner ces suites.