488- Flou.

Publié le 07 août 2013 par Stiop

Je regarde ma fille de 4 ans jouer dans la Méditerranée, à 2000 kilomètres de son domicile.

Comme elle a l’air heureuse. Elle frotte ses petits yeux agressés par la combinaison inhabituelle de sel marin, de sable et de soleil, renifle avec excès, et repart dans un joyeux éclat de rire. Au loin, le dromadaire…

Ce qu’il y a de troublant, c’est que, malgré son intense enthousiasme, elle n’aura probablement, arrivée à l’âge adulte, aucun souvenir de ce voyage sur le Continent Africain, aucune image.

Et pourtant, comme son visage et sa gestuelle insouciante incarnent le bonheur en personne. Cet instant est-il inéluctablement condamné à l’oubli ?

La mémoire stocke, peut-être, dans un lieu qui reste à découvrir, la vidéo des vacances de nos premières années, voire même des souvenirs encore plus lointains.

En 2004, faste année pour les voyages, j’avais emmené mon fils de 20 mois à Amsterdam, à Moscou et à New York. Après une enquête sommaire auprès de lui, il n’en a mémorisé aucune sensation, aucune impression. Mais il ne se prive pas de dire à ses jeunes sœurs que lui : il y est allé !

Les canaux à perte de vue, les écureuils à Central Park, la Galerie Tretyakovskaya…, je n’ai nul besoin d’ouvrir les albums de photos pour revisiter dans ma mémoire ces lieux qui m’ont marqué à jamais.

Lorsque j’ai eu 4 ans, ma grand-mère m’a emmené en Écosse en train, puis en bateau puis de nouveau en train… Quel joli voyage devait-ce être.

Eh bien, je peux vous affirmer que si, à cette époque, j’avais pu dévisager le Monstre du Loch Ness, aujourd’hui, je ne pourrais absolument pas vous le décrire…