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Oui, je suis végétarienne et, non, on n’en meurt pas !

Publié le 03 août 2013 par Traeumerin

Ce sera finalement mon deuxième article sur l’alimentation… Un peu par défaut, je dois dire, aussi parce que ça part d’un ras-le-bol…
Oui, je suis végétarienne et, non, on n’en meurt pas !Je suis végétarienne (ovo-lacto-végétarienne pour être précise) depuis près d’un an (enfin, ça fera un an en septembre) et force est de constater qu’en France, ce n’est pas si facile… En Allemagne et au Royaume-Uni, les végétariens avoisineraient les 10 % (un peu moins). On en est donc loin, en France… C’est aussi au Royaume-Uni que j’ai vu les premiers emballages, dans les supermarchés locaux (Tesco, Asda & co), un peu par hasard (je dois l’avouer), où il était fait mention que c’était « suitable » pour les végétariens… En France, il faut assez souvent éplucher les étiquettes, sauf dans les magasins bio ou les rayons diététiques (comme je ne me fournis presque que dans les premiers, je ne sais trop ce qu’il en est des seconds, et encore, même dans les premiers, il faut être prudents). Et ça en dit long sur la difficulté de s’alimenter quand on est végétarien… Quand on est tout seul, ça va. On gère.
Quand on est plusieurs…

Là est le hic. D’avoir à préciser pour que quelqu’un fasse attention à ce qu’il y ait au moins un plat sans viande. Je ne parle même pas des restaurants : la vraie galère commence… J’ai connu des bistrots arrangeants (une fois, pour le repas bisannuel avec mes collègues de travail, j’avais même eu plus de choix pour le plat principal que mes collègues omnivores !), d’autres pas du tout… Pourtant, une omelette, ça ne casse pas des briques… seulement des œufs, ça n’est pas long à préparer, n’exige pas une grande expertise du chef cuisinier (mais n’est-ce pas là aussi un des problèmes ? à croire qu’il y aurait honte de se spécialiser en cuisine végétarienne… — et un grand jeu télévisé, Masterchef pour ne pas le nommer, a évincé une fois une candidate végétarienne qui avait pourtant le projet de faire découvrir la richesse de cette autre cuisine)…
Dans les cuisines scolaires ou les selfs des entreprises, hôpitaux ou autres… ça devient également fort compliqué. Pas tant pour manger, mais pour manger équilibré ! C’est assez facile de ne pas demander de viande, mais souvent on n’a le droit qu’à l’accompagnement et puis c’est tout. Pour le coup, on en mange des fruits et des légumes, pas de soucis. Mais personne ne pense à mettre en parallèle des légumineuses, par exemple, qui ne coûtent pas plus cher, et ne sont pas bien compliquées à préparer. Je passerai sur le restaurant du personnel de l’hôpital où j’ai fait mon stage pendant neuf mois : aux lentilles qu’ils mettaient à disposition à l’entrée, ils rajoutaient systématiquement… du jambon ! Dommage, je n’en prenais pas non plus. Une collègue musulmane s’est avérée pareillement bien embêtée. (Je suppose qu’elle aurait aimé manger halal, et pas seulement se contenter du « pas de porc » — il y a dix-quinze ans, au passage, c’était plutôt comme ça que ça fonctionnait, mais ça aussi, ça a changé.)

Dans ce pays où la gastronomie fait une part belle aux viandes de toutes sortes et aux poissons divers et variés, il est difficile pour les végétariens de se faire une place. Il ne s’agit même pas pour moi de vouloir faire un pied de nez à la tradition : je respecte ceux qui préfèrent manger de la viande, qui aiment ça, qui ne veulent pas s’en priver, affirment s’inscrire dans la chaîne alimentaire, etc., etc. — Les seuls chez moi qui mangent de la viande, ce sont mes… chats. (Les mêmes qui ne mangent pas bio, d’ailleurs. Parce que les croquettes bio pour chats ne sont pas bien équilibrés pour leur régime et qui a un chat mâle castré ferait mieux d’y renoncer, sous peine d’avoir un jour à le conduire chez le vétérinaire pour obstruction des voies urinaires suite à une formation de calculs : une urgence médicale.)
Le seul problème de cette tradition, c’est aussi le regard que l’on jette sur vous… Très honnêtement, je déteste à avoir à annoncer que je suis végétarienne… (Bon, pour être plus nuancée, c’est bien mieux passé auprès de mes amis, de mes connaissances et même de mes voisins !)

La dernière en date, c’est l’annonce faite à mon père, qui voulait à la base réserver dans un restaurant bien traditionnel comme il faut (où j’ai déjà mangé, et de la viande, et du poisson, car je n’ai pas toujours été végétarienne)… Et je me suis entendue dire que… « ce n’est pas bon pour la santé ». Ah. (Même mes médecins ne m’ont pas reprise là-dessus. On s’est contenté de vérifier ma ferritine et mon taux de globules rouges, c’est tout.)
Si je me plains du manque de choix dans les cantines, ce n’est pas parce qu’être végétarien est mauvais pour la santé, mais parce que ça nécessite de faire un tout petit peu attention à ce que l’on mange, et je dirais même que ça nous rend plus conscient que les omnivores de ce que l’on ingère. (Et, globalement, il semblerait que les végétariens mangent de manière plus équilibrée que les omnivores.) Et que si l’on se contente de supprimer la viande sans modifier le reste, oui, on peut être carencé…
Il ne suffit pas de grand-chose… Faire attention à la quantité de protéines et faire attention au fer, avant tout. Pour le reste, roulez jeunesse. Dans l’ensemble. (Bon, il y a des subtilités sur l’absorption des vitamines et des minéraux en présence de telles autres vitamines ou tels autres minéraux qui m’échappent un peu, je le reconnais…)
Pour les protéines, vous avez les légumineuses : lentilles (vertes ou corail), pois (chiches, cassés…), les haricots (rouges ou blancs), les flageolets… ce qui fait déjà pas mal de choix, me semble-t-il. (Ça m’en fait personnellement plus que celui que j’avais en mangeant de la viande parce que, oui, sur le terrain, j’étais en plus difficile…) Vous pouvez aussi rajouter… le soja, dont le bien connu tofu qui se décline en version nature (je l’aime bien comme ça, juste passé à la poële, mais certains apprécient beaucoup de le faire mariner quelques heures dans des préparations diverses : il a cette capacité de très bien s’imprégner des saveurs) ou cuisiné de multiples façons (en magasin bio, vous aurez un large choix parmi plusieurs marques et, oui, c’est bon !).
Pour le fer… Si vous mangez comme moi des œufs, leur fer est plutôt bien assimilé (c’est du fer héminique). Le fer des végétaux et légumineuses (fer non héminique) souffre d’une moins bonne biodisponibilité et nécessite d’être un peu aidé dans son absorption. Pour ça, rien de tel que la vitamine C ! Les avis divergent quant à savoir si l’apport doit être fait au sein d’un même plat, d’un même repas ou d’une même journée. L’idéal, à mon sens, c’est de s’arranger pour prendre des produits relativement riches en vitamine C tout au long de la journée : fruits, avec le kiwi en tête, légumes, ortie piquante, persil…). En fer, donc… les légumineuses en sont riches, les céréales complètes (eh oui !), mais aussi les algues et la poudre d’ortie piquante (cette dernière comporte aussi de la vitamine C, je crois). En revanche, l’absoprtion de calcium à côté freinerait celle de fer… Bon, comme j’aime un peu trop les produits laitiers, je ne parviens pas trop à y renoncer au cours d’un repas…
Le végétarisme apporte plus de fibres, de vitamines et de minéraux.
Bref, je mange comme tout le monde des protéines et, miracle, je ne suis pas plus anémiée qu’avant (bon, je n’ai jamais été anémiée), et mon taux de ferritine, fort bas (mais pas suffisamment pour ne pas être dans la norme, juste suffisamment pour que l’on me signifie que je n’ai pas de réserves), a même légèrement monté (malgré ma piètre alimentation lors de cette année universitaire…). Je suis même en bonne santé, je me sens en forme…

Et je suis même lasse d’entendre dire que « ce n’est pas bon pour la santé »… de la part de gens qui ne se sont même pas donné la peine de se renseigner un tout petit peu, qui recrachent ce qu’ils ont appris (je ne leur jette pas la pierre, mais mince, quoi !), qui s’en tiennent aux discours bon ton du Français moyen qui ne jure que par son entrecôte de bœuf (en plus, je n’aime pas ça)… et j’en passe…
Quand on ne connaît pas, on se renseigne… Je ne dis pas pour autant que toutes les sources se valent (et je suis peut-être plus mal renseignée que la moyenne des Français sur beaucoup de choses !), mais faire preuve d’un peu d’esprit critique — ce que l’on prétend (ah ! ah !) vouloir inculquer à nos chères têtes blondes au lycée (laissez-moi rire… j’en pleure pour les élèves que je vois en cours particuliers) —, ça ne fait pas de mal à qui que ce soit…

Accessoirement, les raisons qui poussent une personne à devenir végétarienne dont diverses : dégoût profond de la viande (j’inclus là le poisson) depuis toujours ou depuis un temps donné, raisons écologiques (produit de la viande coûte plus cher que de produire des végétaux), raisons de protection animale……
Dans le monde « merveilleux » de ceux qui ne mangent pas de viande, il y a aussi les végétaliens (pas de lait, de produit laitiers et pas d’œufs, en plus du pas de viande) et les vegans (les « extrêmistes », dans une vision du respect de la vie et de la dignité animale). Je m’en tiens au végétarisme. Je ne voulais pas qu’un animal ait directement à mourir pour me nourrir — et ça ne date pas d’hier, j’ai seulement franchi le pas relativement tard. (Accessoirement, je suis fille de vétérinaire, et ça m’a toujours paru curieux que l’on prétende soigner les animaux tout en continuant à en manger, mais personne n’en est à un paradoxe près, moi y compris.) Si j’ai lu, lu, et relu sur les conditions de production des œufs et des produits laitiers, comme quoi la souffrance animale n’était pas moins importante, même en bio… j’ai cependant décidé de ne m’en tenir qu’au végétarisme. C’est ma forme de nuance à moi.
En outre, plus les régimes sont restrictifs, et plus les risques de carence sont grands (notamment en vitamine B12, qui ne se trouvent que dans les produits animaux — et mêmes les végétariens feraient bien d’y faire attention, à mon sens). Et ce n’est pas que je ne m’interroge pas sur les conditions d’une chèvre ou d’une vache, ou d’une abeille, ni sur ce que peut « ressentir » (peut-être) une plante ou un arbre à qui l’on retire son fruit, mais… bon…

Cet article ne se veut pas exhaustif… c’est plus un « coup de gueule » (comme on dit) qu’autre chose…
(Et je vous dois toujours la suite du régime soupe… ou : comment survivre à une chirurgie de la mâchoire…)



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