PAUL ELUARD"J'entendais calculer/ Les dimensions multipliées de la feuille d'automne/ La fonte de la vague au sein de la mer calme/ J'entendais calculer / Les dimensions multipliées de la force future."
Acheté sur une brocante dimanche dernier, trône sur ma table de chevet un vieux livre. Paul Éluard (1895-1952) vu par Louis Parrot et Jean Marcenac aux éditions Seghers. C'est à la fois une mini anthologie, un ouvrage critique et il y a surtout des textes manuscrits insérés.
Le premier poème d'Eluard que j'ai lu date... J'étais en première L. Quand j'ai acheté le recueil Capitale de la douleur, c'était plus par obligation que par envie. cette œuvre figurait sur le descriptif des épreuves anticipées comme "lecture personnelle obligatoire". Alors, bon...
Et puis...Eluard a été le déclencheur de la cessation du mépris que j'avais pour la poésie.
"Elle est debout sur mes paupières/ Et ses cheveux sont dans les miens, / Elle a la forme de mes mains, / Elle a la couleur de mes yeux, / Elle s'engloutit dans mon ombre / Comme une pierre sur le ciel." ("L'Amoureuse, in Capitale de la douleur.)
On a tous des préjugés sur la poésie quand on est ado: "c'est ennuyeux", "c'est incompréhensible", "il ne se passe rien".
On ne lit pas de la poésie comme on lit un roman; l'attitude du lecteur est différente. Face à un roman, on attend qu'il se "passe des choses"; Quand on lit de la poésie, on cherche à être touché. l'un nous montre des personnages en mouvement, l'autre nous montre l'intériorité, la sphère émotionnelle du poète.
Il a fallu attendre mon entrée en fac pour que la lecture de la poésie devienne moins rare et pour que j'y prenne un réel plaisir. J'ai enchaîné les recueils surréalistes puisque c'était une poésie que j'affectionnais et que j'aime encore et j'ai ouvert mes horizons. Aujourd'hui, c'est vraiment mon genre de prédilection.
"Je te l'ai dit pour les nuagesJe te l'ai dit pour l'arbre de la merPour chaque vague pour les oiseaux dans les feuillesPour les cailloux du bruitPour les mains familièresPour l'œil qui devient visage ou paysageEt le sommeil lui rend le ciel de sa couleurPour toute la nuit buePour la grille des routesPour la fenêtre ouverte pour un front découvertJe te l'ai dit pour tes pensées pour tes paroles Toute caresse toute confiance se survivent. " "Je te l'ai dit, in L'Amour, la poésie) Petite note: la chanteuse Jenifer a repris ce poème dans un album collectif incitant nos jeunes à lire de la poésie...