Les cartes postales de Madmoizelle

Publié le 01 juin 2013 par Jean-Luc Crucifix @jlcrcfx

Supposez que vous avez décidé de vous installer au Venezuela et que voulez en savoir plus sur la vie quotidienne dans ce pays. À part consulter venezueLATINA , que faites-vous ? Vous allez sur Google News, où vous tombez sur des articles du Monde, du Figaro, des Échos, de RFI, de l’AFP, de l’un ou l’autre blog militant, que sais-je encore…

Pauvres de vous, vous avez tout faux. En allant sur ces sites, vous apprendrez peut-être quelque chose sur la glorieuse vie politique locale (du moins sa superficie la plus visible) ou sur les heurs et malheurs de l’économie analysée sous la loupe occidentalo-libérale. Vous aurez droit aussi à des avalanches d’opinions le plus souvent déplacées ou sans fondement. Mais vous ne saurez rien sur la réalité quotidienne du Venezuela, sur les Vénézuéliens et Vénézuéliennes, sur leur vie au jour le jour, en un mot sur ce qui fait la substance même de l’existence : ils mangent quoi ? ils aiment quoi ? ils pensent quoi ?

En fait, mis à part l’un ou l’autre blogueur isolé (et ils sont de moins en moins nombreux au Venezuela), personne ne s’intéresse à ces menues choses de la vie. C’est pourtant cela précisément que vous voulez savoir avant de vous installer au Venezuela.

Un bon piston

Je vous donne un bon piston : allez voir sur Madmoizelle. Sur Madmoizelle ?! Oui, ce magazine web pour jeunes femmes qui ne sont pas celles que vous croyez. Ne prenez pas cela pour une plaisanterie : en effet, c’est sur ce site pour le moins inattendu qu’une certaine Sofia Margarita écrit depuis peu des Cartes postales du Venezuela.

Je n’ai pas le plaisir de connaître cette "madmoizelle", mais elle écrit rudement bien ses petites chroniques. Elle a  le sens de l’observation aigu, l’humour fin, la plume allègre et surtout le ton juste. Même lorsqu’elle parle de politique (impossible d’éviter cela dans ce pays), elle est fine observatrice plutôt que juge. C’est plutôt rare.

Rassurez-vous cependant, elle ne parle pas que de politique. Dans ses billets, il est aussi question de plage (et du comportement bien particulier des Vénézuéliens sur le sable blond);  de beauté féminine au pays des Miss Monde (thème inévitable, qui ne peut que passionner les madmoizelles de France); de l’humour et l’optimisme des Vénézuéliens comme art de vivre; de musique pour combattre la pauvreté; de la capitale la plus dangereuse du monde; d’une nature extraordinairement riche et variée (et sa contamination par les humains); et de l’arepa, plat de base du Vénézuélien. Sur le ton de la badinerie, tout cela est bien torché, avec le petit clin d’œil complice, discret, au moment précis où on l’attend. Mais mine de rien, le propos est plus sérieux qu’il n’y parait.

Je vous invite donc  à aller jeter un coup d’œil sur les cartes postales du Venezuela de Sofìa Margarita. De là a vous faire fan de Madmoizelle, il n’y a qu’un pas, faites gaffe !

Extraits :

La plage

Sur les plages, il fait bien chaud, mieux vaut donc prévoir à boire. Pour cela, on emporte l’outil indispensable de toute journée à la plage vénézuélienne : la glacière. Et je ne parle pas de la petite glacière où on fait tenir deux sandwiches et une bouteille d’eau. Non, ici, ils ne rigolent pas avec les boissons, surtout les bières, et ils ont des glacières de compétition, d’un mètre cube de volume, qu’on remplit de glace et qu’on blinde de bières et toutes autres boissons qu’on juge essentielles pour la journée. On en trouve de tous les styles et toutes les tailles, et même des flottantes si tu veux l’emporter avec toi dans l’eau pour avoir ta bière à portée de main! D’ailleurs, les magasins au bord des plages en vendent en polystyrène pour acheter et remplir sur place, au cas où tu aurais oublié ou pensé inutile d’en emporter une, pauvre touriste étranger que tu es. Mieux vaut aussi prévoir de quoi te mettre à l’ombre, même si cela est aussi prévu sur place.

La beauté féminine

La beauté, le fait d’être (et de se faire) belle, est lié à la séduction : les filles font preuve de pas mal de coquetterie pour se faciliter la vie au quotidien. Elles sont loin d’être des potiches, et ne se privent pas de minauder pour obtenir ce qu’elles veulent. Mais être belle fait aussi partie du plaisir fondamental de plaire, de charmer les hommes, et dans ce sens, il y a beaucoup de concurrence entre filles : pour un peu que tu te sois mise sur ton 31, tu risques de te faire toiser des pieds à la tête par une nana qui passe, car le but est d’être la plus « remarquable » au sens propre, celle qui va le plus attirer les regards et les piropos.

La protection de l’environnement

Malheureusement, et ce que j’ai encore un peu de mal à comprendre, c’est que tou-te-s les Vénézuélienn-e-s ne sont pas encore très sensibilisés à la protection de l’environnement, et le long des routes, on voit souvent des tas de poubelles et de détritus, ce qui franchement me brise le cœur… Je trouve d’ailleurs cela assez étonnant, parce qu’ils sont toujours très propres sur eux, et ont toujours des maisons impeccables, mais on a l’impression que dès que ça sort de leur périmètre personnel, ça ne les concerne plus, même si c’est dans leur rue !


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