Max | Haine

Publié le 16 août 2013 par Aragon

Il était une fois dans un pays lointain une ville si belle protégée par de hautes murailles sur lesquelles claquaient au vent de magnifiques bannières d'argent, des oriflammes d'or, les murs des maisons étaient peints de riches couleurs.

Il y avait dans cette ville puissante et prospère dirigée par un seigneur éveillé, bienveillant et généreux pour ses sujets, quatre très nobles familles qui se haïssaient depuis la nuit des temps. Pourquoi ? Nul ne le savait, mais la rancoeur était tenace, sournoise, sourde, puissante. Ils se côtoyaient, se parlaient, allaient à la guerre ensemble unis sous la même bannière, commerçaient aussi, parfois, mais se haïssaient pourtant.

Le seigneur de cette ville puissante réunit un jour les chefs de ces quatre familles et leur dit sollennellement que cela devait cesser, que cette haine ne pouvait perdurer, il ne le supportait plus. Aussi, il annonça sa décision aux quatre représentants de ces familles que les prochains nouveaux nés mâles, héritiers, qui naîtraient leur seraient retirés dès leur venue au monde, la mère même ne les verrait pas, quatre bébés, quatre garçons qui grandiraient en un autre lieu, au secret, qui leur seraient restitués au jour anniversaire de leurs douze ans mais au hasard des familles sans qu'aucune d'entre elles ne sache quel garçon elle retrouverait. Il serait leur enfant. Ils l'aimeraient. Il n'y aurait plus alors de haine entre ces familles.

Ainsi fut-il fait. Douze ans plus tard une cérémonie eut lieu dans le château seigneurial, quatre beaux enfants de douze ans somptueusement vêtus furent présentés et donnés au hasard à leur famille.  Les quatre pères d'adoption sans se concerter et au mépris de toute loi humaine sortirent des dagues de leurs ceintures et les plongèrent dans le coeur des enfants qui furent tués devant le seigneur. Il se retira en grande contrition, sans rien dire, puis il prit un décret dans la fin de cette journée.

Le chambellan ordonna le lendemain aux quatre familles de se réunir en leur complet, parents, ascendants, descendants, cousins et alliés dans la grande salle du château qui fut débarrassée de tout son mobilier, mise à nue du moindre rideau. Ce qui fut fait. Plus de cent cinquante personnes furent ainsi rassemblées. Comme la grande salle, ils furent tous mis nus, rien ne leur fut laissé, pas la moindre chausse, le plus petit pourpoint. Une dague, une seule, fut alors jetée dans la salle par le chambellan. Les portes et les fenêtres furent alors scellées. Les demeures de ces quatre familles furent rasées et l'on porta grande épaisseur de sel sur les emplacements. Puis le seigneur éveillé, bienveillant et généreux de cette ville si belle et si puissante donna une grande fête à laquelle tout le peuple en liesse participa.