Apprendre à ne plus se voir qu’au travers du regard des autres

Campagne Dove
Il y a quelques mois, la marque Dove réalisait une expérience étonnante. Faire réaliser par un dessinateur du FBI le portrait robot d'une femme. Une fois, selon sa propre description d'elle-même, l'autre, suivant la description faite par un étranger.
Le résultat est saisissant ! Systématiquement, la même différence est observée. Je vous laisse constater par vous même en regardant la photo ci-dessus. 
Cette expérience m'interpelle, vraiment. Elle m'amène à m’interroger sur le regard que je porte sur moi-même. Quel est-il ? A quels mécanismes répond-il ?
N'étant pas une grande philosophe mais adorant me prendre le chou, j'en arrive rapidement à la constatation suivante :  bon dieu de merde, je ne sais pas comment je me vois, je m'observe toujours au travers du regard des autres !
Petit échantillonnage de mon incapacité chronique à porter un regard sur moi-même :
Le regard de mon père
Mon père est un homme fort, intelligent, admirable. Trop certainement. Comme chaque parent, qui aime son enfant, il a voulu que ses filles "réussissent", en les aidant et les accompagnant de son mieux. Et moi, j'ai péché de vouloir trop lui plaire. Au final, j'ai fait de brillantes études, décroché un premier poste à responsabilité, bien rémunéré.
Cinq années de labeur plus tard, j'ai changé de voie, radicalement, n'ayant aucun goût pour la matière étudiée pendant cinq ans, ni pour les métiers que je pouvais exercer suite à mes études.
Du gâchis, une perte de temps ? Je ne le saurai jamais et cela n'a aucune importance.
Ma situation professionnelle actuelle me satisfait, m'épanouit. Reste un sentiment de désarroi par rapport à l'orientation professionnelle des jeunes. Je n'ai pas hâte que ma fille arrive à cette étape de sa vie...
Le regard du père de ma fille
Le père de ma fille est un être foncièrement gentil, une crème. La crème, c'est bon, mais pour faire un bon gâteau, il faut beaucoup d'autres choses, et un bon tour de main. Entre nous, tout a toujours été "gentil". Je n'ai donc pas souffert violemment de cette relation, mais j'ai décliné lentement.
Souffrant irrémédiablement de l'absence de regard porté sur moi. Dans cette relation, je me voyais grosse (et c'était le cas, alors que je n'avais jamais eu de problème de poids), inintéressante (je pense que je l'étais devenue).
En cessant cette relation, en me forçant à me regarder moi-même, à ne pas attendre que cela vienne de l'autre, j'ai changé, profondément. Physiquement, cela a été flagrant, j'ai perdu 12 kg, en à peine 2 mois, sans aucun régime.
 Mon corps a repris sa forme originelle.
Le regard de mon amoureux
Dès qu'il a posé son regard sur moi, je me suis sentie belle, intéressante, ma vie à réinventer. Tout était de nouveau possible.
Et voilà que je récidive, avec ce regard je suis belle, sans ce regard je ne suis plus rien. MAIS TU N'APPRENDS DONC RIEN DE LA VIE BORDEL ?
Si, si, je crois que j'ai compris...
Aujourd'hui, grâce à son regard, qui a libéré le mien, j'ai pris confiance en moi. Cela paraît très très con mais pour la première fois de ma vie, je suis sûre qu'un homme me trouve belle et est amoureux de moi.
Cela change tout. Et rien. J'avais besoin de ressentir cela pour réaliser que je peux faire les choses pour moi-même, uniquement pour moi. Savoir que, lorsque je lui dévoilerai tout ce que j'entreprends, si je le souhaite, il n'y aura pas de jugement, que de la bienveillance.
Je suis libre de tout oser, de tout faire. C'est la condition sine qua non pour me sentir bien avec ceux qui m'entourent.
Merci mon amour, de m'avoir montré que je sais vivre librement.