Si je commence à avoir mes repères lorsqu’il s’agit de choisir ou de conseiller des mangas ou des comics, pour ce qui est de la BD franco-belge je suis déjà plus facilement perdue. C’est pourquoi je suis preneuse de tous les bons conseils comme ce fut le cas pour Aâma dont la lecture m’a été chaudement recommandée par un collègue.
Sortie de l’imagination visiblement prolixe de Frederik Peeters, Aâma est un récit de science-fiction intimiste touchant et intriguant constitué pour le moment de deux tomes: l’odeur de la poussière chaude et la multitude invisible (un 3e tome est prévu pour octobre).
L’histoire:
Dans un futur lointain… Verloc Nim se réveille amnésique au milieu de nulle part. Grâce à son journal, qu’un singe-robot nommé Churchill lui remet, il se plonge dans son passé. Verloc y apprend qu’il mène une vie misérable, qu’il a perdu travail, famille et amis depuis qu’il a décidé de vivre en marge d’un monde hypertechnologique. Jusqu’à ce que son frère Conrad l’emmène sur une autre planète pour y récupérer une mystérieuse substance nommée aâma…
Si le tome 1 de Aâma mettait globalement en place l’intrigue et les personnages et tout particulièrement celui de Verloc en présentant les évènement qui l’ont conduit à la ruine, le second volume s’attarde quant à lui plus sur la planète Ona(ji) où ont atterri nos protagonistes et sur la substance Aâma aussi captivante que dangereuse que nos héros sont sensés récupérer. Plus intimiste, le second volume s’attarde également sur les particularités liées à la fille de Verloc qui, conçue de manière naturelle (une hérésie sur Radiant), semble atteinte d’une certaine forme d’autisme.
Au fil de son aventure, Fredreik Peeters nous nous interroge sur notre volonté, en tant qu’être humains, de contrôler la nature qui sans nous se débrouille très bien tout seule et sur le narcissisme qui nous caractérise. Ce dernier est d’ailleurs symbolisé par l’obsession qu’ont les citoyens de Radiant de contrôler jusqu’à la fabrication de leurs enfants « bien évidemment parfaits ». Cela nous ramène d’ailleurs à nos propres normes et valeurs qui veulent que l’individu dans nos société soit « parfait » notamment physiquement (il suffit de regarder n’importe quel magazine) quitte à jouer les apprenti-sorciers pour arriver au résultat escompté.Il est d’ailleurs étonnant que le personnage qui, au final, s’avère presque le plus sympathique n’est autre que Churchill… le robot.
L’un des points forts du titre est le rythme et les touches avec lesquelles Frederik Peeters diffuse son récit, petite touche par petite touche en montrant dans quelle mesure les aventures du héros sur Ona(ji) entrent en résonance avec son passé sur Radiant et ses déboires personnels et comment en quelque sorte sa quête de l’Aâma le libère du poids deson passé douloureux.
Graphiquement, le style de Peeters est assez typé et peu proche de l’imagerie « classique » de la science fiction que l’on imagine beaucoup plus froide. Au contraire, Peeters multiplie (sur Onaji en tout cas) les couleurs chaudes et naturelles de cette planète désertique mais sauvage et au cours de ma lecture, je me suis rendue compte que ces visuels étaient assez proches de l’imaginaire que que je me faisais de romans tels que les chroniques martiennes de Ray Bradbury.
Au final, même s’il est encore un peu tôt pour l’affirmer, Aâma semble se destiner à être une grande série de science fiction grâce à l’univers et aux thématiques distillées par Peeters à suivre donc, en espérant que les autres volumes restent tout aussi inspirés.
A noter que , si vous aimez le titre, Frederik Peeters poste réulièrement sur son blog: http://projet-aama.blogspot.com/ des croquis liés à son récit. A bon entendeur.