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Comment se concentrer et ne pas perdre le fil ?

Publié le 29 août 2013 par Zzscilly

« J’essaie de me concentrer sur ma concentration. »

de Martina NavratilovaComment se concentrer et ne pas perdre le fil ?Voilà une citation que nous devons à la fantastique mémoire d'Internet, mais qui a le mérite de bien introduire le sujet qui nous intéresse dans ce post.En effet, il semble bien que la difficulté à se concentrer fasse partie des maux du travailleur moderne.La question n'est pas anodine : la plupart des stagiaires que nous croisons dans nos formations se plaignent d'être souvent interrompus dans leur travail et d'un morcellement excessif du temps (avec des séquences homogènes très courtes). Hors, le bon sens (et la loi de Carlson) nous apprennent que faire les choses en plusieurs fois prend plus de temps qu'en continu.

Le travail est fait de relation(s), donc d'interruptions

Bien que les nouvelles technologies (smartphones, messageries, réseaux sociaux …) aient été pensées à l'origine pour améliorer la productivité et le confort de travail des salariés, il semble bien qu'elles soient source de perturbations. Dans une étude effectuée en 2012 en France par les sociétés Sciforma et PSNext, 84% des Français pensent que ces outils perturbent leur concentration et pour 89%, ils renforcent le sentiment d'urgence. Un constat qui va à l'encontre de leur objectif d'origine.Par ailleurs, en 2012, 23% des Français disent ne pas pouvoir travailler plus de 10 mn sans être interrompus et 67% disent ne pas pouvoir rester concentrés plus de 30 mn sans interruption.Il n'est pas question ici de s'interroger sur la source de ces interruptions. La façon de les gérer fera l'objet d'un article spécifique. Non, ce que nous allons aborder dans ce post concerne plus spécifiquement le développement de notre capacité à nous concentrer : l'idée est bien d'être plus efficace dans les moments, mêmes courts, où nous pouvons (devons) délivrer notre savoir-faire et notre énergie, de ne pas perdre son temps à recommencer ce qu'on vient de faire, et si possible de le faire bien.

Qu'est-ce que la concentration ?

Le Petit Larousse nous en donne deux définitions :
  1. Se rassembler.
  2. Faire un effort intense d'attention, de réflexion. ex : Se concentrer sur un problème. Ne pas parvenir à se concentrer
La concentration, finalement, est très simple. Comme son nom l’indique, elle consiste à fixer un point, un sujet et à tout ramener à ce centre d’attention.Qu’il s’agisse de quelqu’un qui parle, d’une image, d’une information que l’on vous transmet, ou tout autre chose, se concentrer sur cette chose consiste à fixer cette chose en lui attribuant tous nos sens à 100 % : la vue, l’ouïe, le toucher et, éventuellement, selon les cas, le goût et l’odorat.Pour illustrer cet état, il suffit de se remémorer l'époque peut-être lointaine où, sur les bancs de l'école ou de l'université, vous suiviez un cours : le cours commence toujours par un moment de flottement, suivi du silence puis de l'annonce du plan. Pendant ce temps, vous préparez votre prise de note. Puis le professeur expose quelque chose, vous écoutez ce qu'il dit, vous regardez ce qu'il écrit au tableau ou ce qu'il projette, et en même temps vous notez l'essentiel de ce que vous percevez. Peut-être le sujet vous passionne-t-il, ou alors vous vous sentez concerné par ce que vous savez que vous serez interrogé sur cette matière. Enfin, vous savez que cet effort de concentration prendra fin dès que la cloche de la fin du cours retentira.Cet exemple illustre bien les différents facteurs entrant en jeu dans l'état de concentration :
  • l'existence de routines qui amènent à cet état particulier
  • la mobilisation des sens et de tous les canaux perceptifs
  • la motivation
  • une durée adaptée au degré d'entraînement et à la difficulté de la matière
  • un certain entraînement du à la répétition

Alors, si c’est si simple, pourquoi n’arrivons-nous pas si facilement à nous concentrer ? Quelques éléments de réponse figurent ci-dessous…

Pour garder une concentration efficace longtemps, il faut en effet se poser à tout instant la question suivant : « Tous les sens qui doivent me servir à me concentrer sont-ils à 100 % dédiés au sujet de ma concentration ? »Autrement dit :
  • Est-ce que je regarde bien ce sur quoi je suis sensé me concentrer ?
  • Est-ce que j’écoute totalement le sujet sur lequel je dois me concentrer ?
  • Est-ce que j’enregistre convenablement ce que je capte par mes sens sur un support quelconque, même s’il ne s’agit que de ma mémoire ?
  • Suis-je en condition de me concentrer ?
Ces questions peuvent vous sembler dénuées de sens, tant il est difficile d'être à la fois acteur et spectateur de ses propres états. La réalité nous oblige pourtant à reconnaître qu'après quelques secondes de concentration, notre attention vient se fixer sur une quantité d'autres sujets : la sonnerie d'Outlook ou de Lotus Notes qui vous dit "Vous avez un nouveau message !", le collègue qui passe dans votre champ visuel, un bruit insolite, une préoccupation... les causes ne manquent pas !

Comment faire, donc, pour ramener notre concentration à son niveau initial, sachant qu'on est toujours distrait par quelque chose ?

  1. Fixer son attention
    Il s'agit de se mettre en tension pour mobiliser ses sens, ce qui implique une démarche volontaire (volonté d'être attentif), mais aussi de développer sa capacité à fixer les informations reçues (attention aux sons, aux couleurs, aux mots, aux formes....).
    Une autre façon de procéder est au contraire de faire le vide : fixer du regard un objet en faisant abstraction de ce qui l'entoure, fermer les yeux en se mettant à l'écoute de sa respiration...toutes les stratégies sont envisageables dans la mesure où elles permettent de libérer l'esprit des pensées parasites.
  2. Accepter de se fixer des limites
    On ne peut pas tout retenir, tout le temps, et notre capacité de fixation sur un sujet est limitée. Il est reconnu aujourd'hui que nous passons par des cycles de concentration dont la durée est en moyenne de 90 minutes. Avec la concentration vient la notion de rythme, rythme qui alterne des périodes d'attention et des périodes de relâchement.
  3. Se convaincre de l'utilité de nos points d'attention
    Tout n'est malheureusement pas intéressant dans ce que nous avons à faire, mais c'est néanmoins ce que nous avons à faire. Il n'est pas inutile dans ce cas de se rappeler la finalité vers laquelle tend l'activité sur laquelle il faut se concentrer.
  4. Limiter les distractions
    Cela semble une évidence, mais il y a peu de gens qui sont capables de se concentrer longtemps dans un environnement riche en distractions. Évidemment, on pourra toujours trouver des contre-exemples, mais il faut se fier aux statistiques.
  5. Se donner des rituels de concentration
    C'est un mécanisme bien connu de ceux dont le métier est d'écrire vite ou de parler en public ou qui ont besoin de mobiliser rapidement leurs ressources (les journalistes, les responsables de communication, les orateurs divers et variés, les sportifs de haut niveau... et les blogueurs, entre autres) : arriver à produire en peu de temps est très lié à des routines.
    Pour certains cela peut être tailler un crayon, ou alors replacer un dossier, n'importe quel séquence de gestes un peu répétitifs, en quelque sorte associer une action au vide qui est le prélude à la concentration (et donc créer un conditionnement).
    Pour d'autres cela peut passer par un questionnement systématique : quel est le sujet, pourquoi s'en préoccuper, que peut-on observer, quels problèmes se posent, que peut-on en penser soi-même, qu'est-ce que cela suggère comme solution ?Cette façon d'ordonner la pensée a de grandes vertus mobilisatrices pour ceux qui ont pris l'habitude de s'en servir.
  6. Limiter les dérives
    Cela veut dire être conscient que notre penchant naturel est de laisser capter par tous les autres motifs de distraction tellement plus intéressant que ce que nous faisons au moment où nous le faisons. C'est particulièrement sensible dans les contextes ou les nouvelles technologies de l'information et de la communication sont très présentes.
    Quelques exemples :
    - il est très facile de se laisser détourner d'une recherche initiale sur internet quand on n'a pas défini le contenu de sa recherche, et la tentation est alors grande d'aller fureter sur tous les liens connexes qui nous semblent intéressants
    - dans une réunion, un ordre du jour mal défini ou une animation peu cohérente garantit la dérive obligatoire
    - dans un entretien ou une discussion, l'échange informel peut prendre le dessus sur le sujet à traiter, de même qu'il peut s'ouvrir à des digressions certes intéressantes mais peu profitables
    Dans ces trois cas, il devient nécessaire de procéder à un recentrage systématique qui peut passer par trois questions clés :
    - quel est le sujet ?
    - qu'est-ce que je veux avoir obtenu à l'issue de ma recherche, de la réunion ou de l'entretien ? pourquoi ne pas se l'écrire le cas échéant ?
    - dans tous ces cas, qu'est-ce que l'on attend de moi ?
  7. S'entraîner
    Notre capacité de concentration ne s'use que si l'on ne s'en sert pas ! C'est en cela qu'une des conditions de mise en œuvre repose sur un acte volontaire qui sera facilité par la répétition, jusqu'à devenir inconscient.
  8. Conserver de la fraîcheur et préserver ses capacités de concentration
    C'est sans doute un cliché que de rappeler combien nos capacités physiques influent nos capacités intellectuelles (dont la capacité à fixer notre attention).
    De ce point de vue, une hygiène de vie "correcte" est un préalable : temps de sommeil suffisant, existence de temps de récupération, limitation dans la prise de toxiques divers et variés (boissons fermentées, excitants, calmants, etc...), tonus...
Avec un peu d'habitude, ces nouvelles routines devraient rapidement faire leur effet.Les conséquences positives ne se limitent pas à une meilleure efficacité - vous devriez également ressentir le plaisir de cette sensation d'être occupé sans être préoccupé qui fait que le temps passe sans contrainte. Une fois éprouvée, c'est une expérience que l'on a envie de réitérer !

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