Entrée en résonance avec le mouvement hippie, le roman « Le Seigneur des Anneaux » obtiens un regain d’intérêt à la fin des années 60. De fait les studios Hollywoodien se montrent très intéressés pour adapter le pavé de Tolkien au cinéma. Parmi les projets les plus farfelus, il faut noter celui de Stanley Kubrick qui un temps envisagea d’engager les Beatles dans les rôles principaux. (McCartney pour Frodon, Ringo pour Sam, George Harrison en Gandalf et Lennon en Gollum.) Un projet vite abandonné vu l’impossibilité de condenser autant de matière en un seul film. Quelques années plus tard, le metteur en scène John Boorman est contacté.
Passionné de mysticisme et de mythologie ce dernier planche ardemment et avec passion sur un scénario regroupant les trois opus de la saga. Evidement des coupes sont inévitables et beaucoup de passages du livre sont évacués ou réinterprétés*. Durant la préparation Boorman passe également beaucoup de temps à trouver des astuces visuelles afin de pallier aux effets spéciaux de l’époque (encore trop obsolètes pour rendre justice à l’imagination délirante de Tolkien). Cependant, le scénario une fois terminé, les studios refusent de donner le feu vert. Très affectés par l’abandon du projet, Boorman va néanmoins recycler ses trouvailles dans ses films suivant, et surtout sur Excalibur.
"What is the secret of the Graal ?"
Adapter le cycle Arthurien n’est pas facile non plus, car des dizaines de versions existent et elles sont contradictoires. Boorman choisis de s'inspirer de « La Morte d’Arthur » de Thomas Malory, une oeuvre anglaise datant de la fin du 15eme siècle. Avec l’aide de Neil Jordan (assistant et scénariste sur le film) il réussi l’impossible, à savoir condenser en un peu plus de deux heures la quasi intégralité de l’histoire et cela sans en amoindrir sa dimension historique, ésotérique ou poétique. En effet, le scénario d’Excalibur est une merveille d’efficacité qui présente les personnages et les enjeux en quelques répliques et la mise en scène ultra rythmé de Boorman est d’une inventivité constante. De plus, il utilise la profondeur de champs avec un sens du cadre stupéfiant. Usant de trucages "à l’ancienne", le film a conservé son charme même pour les spectateurs habitué aux d’images de synthèses.
Se faisant fit de tout réalisme historique, (pas d’armures du temps d’Arthur), Excalibur se concentre avant tout sur l’aspect mythologique du cycle Arthurien et en quoi il est un récit fondateur. Tout les acteurs sont Shakespeariens en diable et c’est un vrai plaisir de les voirs beugler avec ferveurs leur répliques dans leur armures étincelantes en se foutant de joyeux coups de tatanes. « Merlin ! I’m the strrrongest ! I’m the oaanne !!! » Nicol Williamson fait un Merlin savoureux qui fait beaucoup penser au Gandalf de Peter Jackson. Ajouter à cela un final Wagnérien en diable (musique comprise) et vous aurez une idée assez précise de ce monument.
* Certains puristes en lisant ce traitement crieraient à la trahison alors que pourtant l’esprit du livre y est assez bien respecté.