Un accident bénin lors d’une randonnée en montagne m’a immobilisé 54 jours sans pouvoir poser le pied par terre. Ce n’est que depuis que je suis déplâtrée, il y a une quinzaine de jours, que je me suis remise à peindre. Il y a dans le Queyras, en bordure du Guil, un petit hameau bien plus connu des passionnés de descente en rafting, canoë-kayaks ou des grimpeurs que des peintres amateurs. J’y vais pour me rééduquer car la route est presque plate devant les grandes maisons austères de la Chapelue. Celles-ci ne sont pas très anciennes, puisqu’un incendie a entièrement détruit le hameau en 1870. Construit à l’entrée du défilé des Crupies, c’est un endroit pittoresque, le coin est plutôt tranquille ce qui permet d’aquareller sans être dérangée.
Aux cours des troubles religieux du XVIe siècle, un violent combat opposa catholiques et protestants en amont de La Chapelue. Les catholiques en sortirent vainqueurs. Des protestants auraient été précipités dans le Guil et leurs chapeaux, entraînés par le courant, se seraient arrêtés au niveau du hameau. Une légende a attribué le nom « La Chapelue » aux chapeaux bleus que portaient les protestants massacrés. En fait, ce nom est antérieur à cet événement dramatique : il apparaît dans les Archives dès le XVe siècle. Récemment, un des propriétaires de la maison la plus moderne m’a fait visiter cette dernière. Sa grand-mère et sa tante y ont habité jusqu’en 1988, mais ce n’est que récemment que le partage entre les héritiers a été fait et que les travaux de rénovation ont pu commencer. C’est bien la première fois que je voyais un être humain dans ce coin-là, quoique…, une porte mal fermée indiquait que ces maisons étaient de temps en temps habitées. En plus de ces maisons, il y a un moulin, dont le toit aurait besoin de réparation, un four banal en train de s’écrouler et une chapelle. D’après mon interlocuteur, une école a fonctionné avec 6 élèves.