Fraternité recomposée...

(Non, je ne suis pas fan des bébés chats, j'aime pas les bêtes. Mais si vous connaissiez les filles, vous diriez que la photo est parfaitement choisie)
Quand Fripounette pousse la porte d'entrée de l'appartement, ses premiers mots sont : "Choupinette ! je suis rentrée !". Quand Choupinette retrouve son papa, sa première question est "Fripounette m'attend ?"
Le matin, dès qu'elles ouvrent un œil, elles se parlent, à travers la mince cloison séparant leurs chambres. Puis, Fripounette va rejoindre Choupinette dans son lit, pour faire les folles. C'est à dire, sauter sur le lit jusqu'à ce que les lattes implorent leur pitié.Avant d'aller au bain, C. demande à F. de l'aider à se déshabiller. Puis, elle courent partout, à poil, en poussant des cris bizarres... C'est leur truc à elles, cette étrange cérémonie à même un nom. Faire les petits tout nus.
Un jour, F. m'a demandé si elle pouvait dire que C. était sa sœur. Je lui ai alors expliqué que C. n'était pas sa sœur parce qu'elles n'ont pas le même papa et la même maman mais que, si elle le souhaitait, si c'était ce qu'elle ressentait, elle pouvait dire que C. est sa sœur de cœur.
Je pressentais déjà le début des emm... du côté des "autres parents"... Partant du principe que les histoires des adultes ne concernent pas les enfants, F. dira ce qu'elle voudra.
De temps en temps, F. parle de C., sa sœur. A la boulangère, pour dire qu'elle lui gardera des bonbons, à la dame du manège pour lui dire qu'elle veut s’asseoir à côté d'elle. Et, à son Papa, quand elle n'a pas voulu aller dans le château gonflable parque C. sa sœur, n'était pas là.Cela n'a pas plu au Papa de F.
Le papa blessé m'a donc fait part de son mécontentement. Pas très diplomatiquement. J'ai aussi été très certainement susceptible.Bref, nous avons crié, devant F.
Comme nous sommes des adultes et que nous aimons notre fille plus que tout, nous avons réussi à nous parler. F. aura bien le droit de parler de C. dans les termes qu'elle souhaite.
Quand deux amies clament qu'elles s'aiment comme des sœurs, leurs parents trouvent cela trop mignon.Quand deux petites filles, partageant le même foyer, clament qu'elles s'aiment comme des sœurs, cela gêne.
Parce que les adultes ont du mal à ne pas mélanger leur histoire, à celle des enfants.
Je ne blâme pas le Papa de F. J'ai compris qu'il m'avait demandé de l'aide, parce qu'il était en difficulté par rapport à cette notion et que je l'avais mal reçu. Après quelques cris, larmes, nous avons réussi à nous comprendre. Il a fallu en passer par là. 
J'espère que F. continuera à appeler C. sa sœur.Si un jour C. utilise ce terme devant sa maman, j'espère que nous ne serons pas confrontés à un nouveau drame.
Ces petits événements font partie de la vie. Parfois je les prends bien. Parfois ils m'affectent. Comme aujourd'hui.
Le sentiment que cela ne sera jamais simple.Le sentiment de devoir porter, à jamais, le poids du choix de la séparation.Le sentiment d'avoir à me justifier de tout.