J'ai l'impression que c'est l'air du temps qui veut ça. Quelle douceur, la vie au ras des pâquerettes, on aimerait changer le monde avec un brin de paille coincé entre les dents. C'est d'une douceur magnifique, un trait, un voile qui se colle à notre peau, s'en imprègne, nous marque d'une cicatrice incandescente. J'ai baigné dans cette atmosphère de mélancolie heureuse pendant plus d'un mois, et j'en sors enfin, comme je guéris petit à petit. Je suppose que toutes les choses se terminent toujours au même moment pour que l'on puisse commencer d'autres rêves sur un nouvel appui. La nature est bien faite.
Puis je me regarde dans le miroir pour voir les traces, le nez meurtri par les mouchoirs trop rêches, les joues roses, le front pâle. J'ai toujours eu un teint de fantôme, encore eussent-ils vécu ces idiots-là, mais ma peau est transparente, manque de vie, elle doit réapprendre à aimer le vent. J'avais oublié les arbres, les voilà fleuris jusqu'au bout des branches, les pétales qui s'envolent et atterrissent en poésie sur le sol chauffé au soleil.
Cette lumière, cet éclat, et toute cette animalité qui me glisse sur les bras signent la fin du chapitre des romances qu'on s'égare à rêver, c'est un début charnu, mâture, qui s'offre à mes lèvres comme un délicieux roman de guerre. Là où l'on revendique, là où l'on gâte le public d'un spectacle effroyable. Quel carnage pourrais-je faire !, j'aurai tout gagné à battre moi même la terre qui se refusait à mes pieds.
Tout ça pour dire que c'est le blocus mes p'tits gars, la grande saison des examens. Un coup de fouet inimitable.