Des chars israéliens postés dans une zone d'entraînement sur le plateau du Golan, près de la frontière avec la Syrie, hier - Menahem Kahana - AFP
Si L’opposition syrienne le dit, c’est que cela ne fait aucun doute. Mais fort de ce constat, malgré cela, le ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius va suivre les consignes des Américains, et engager l’armée française sur le terrain…L’ensemble de la classe politique française est divisée. Une intervention risque d'attiser plus encore la violence, d'ajouter de la destruction à la destruction et de démanteler cette précieuse capacité de dialogue politique que la France a déjà démontré en 2003 aux Nations-unis, avec l'ex-ministre Dominique de Villepin : "Depuis le début, ces tragiques évènements ne reflètent qu’une succession d’erreurs politiques. Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont poussé les parties à se radicaliser. Ils n’ont pas empêché le départ de djihadistes vers la Syrie et ont attendu très longtemps avant d’évoquer ce phénomène" a déclaré Haytham Manna, porte-parole de la Coordination Nationale pour le Changement Démocratique (NCC). "Où est la démocratie dans tout ce projet qui vise la destruction de la Syrie ? Et pensez-vous que ce soit la morale qui les guide ? Lors du massacre d’Halabja -commis par les forces de Saddam Hussein en 1988- ils ont fermé les yeux. Je m’étonne aussi de voir que les victimes d’armes chimiques sont bien davantage prises en considération que les 100.000 morts qu’on a déjà dénombrés depuis le début du conflit..."
Les informations que détiennent la Syrie ne concordent pas avec celles du gouvernement. L’état Syrien dénombre plusieurs milliers de victimes, alors que la France possède une liste de moins de 500 noms : "... on est dans la propagande, la guerre psychologique, et certainement pas dans la vérité. Ensuite, les armes chimiques utilisées étaient artisanales. Vous pensez vraiment que l’armée loyaliste, sur-militarisée a besoin de ça ? Enfin, des vidéos et des photos ont été mises sur Internet avant le début des attaques. Or ce matériel sert de preuve pour les Américains... "
De toute évidence, il s’agirait là d’un coup monté. Nous le savons désormais, les armes chimiques ont déjà été utilisées jadis par Al Qaeda et l'armée syrienne libre accompagnée ou non des groupes liés à Al Qaeda mènent en commun 80% de leurs opérations : "Il y a un mois, Ahmad Jarba -qui coordonne l’opposition armée- prétendait qu’il allait changer le rapport de forces sur le terrain. Mais c’est l’inverse qui s’est produit, l’armée loyaliste a repris du terrain. Seule une intervention directe pourrait donc aider les rebelles à s’en sortir. Alors, attendons... Si c’est Al Qaeda le responsable, il faudra le dire haut et fort. Si c’est le régime, il faudra obtenir une résolution à l’ONU. Et ne pas laisser deux ou trois pays fédérer leurs amis, pas tous recommandables d’ailleurs..."Aussi surprenant que cela puisse paraître, le gouvernement Russe agirait de façon plus cohérente que ses voisins : "Ils travaillent sérieusement pour les négociations de Genève 2, sensées mettre autour d’une même table le régime et les opposants. Les Américains, eux, ont triché. Deux ou trois fois, ils se sont retirés, au moment où s’opérait un rapprochement."
Une solution politique reste sans nul doute la seule qui permettra de sauver la Syrie. Mais selon les dires de Haytham Manna, cela dépendra surtout des Etats-Unis. Comme d’habitude, la France se contentera de suivre… : "Aujourd’hui, la politique occidentale a renforcé sa position de défenseur de l’unité syrienne et des minorités. Cela dit, personne ne pourra revendiquer de victoire : la violence est devenue tellement aveugle qu’il faudrait vraiment un front élargi de l’opposition et du régime pour en venir à bout."F.G.