Magazine Journal intime

La maîtresse, les élèves et la punition

Publié le 06 juin 2007 par Mirabelle

Mon cher Vict or, La maîtresse, les élèves et la punition
Miraaaaabeeeelle ! Tu as récupéré un modem ? Tout à fait ! Je suis même parvenue à le réinstaller toute seule comme une grande et à m'en sortir avec toutes les histoires de clé wifi et autres codes de sécurité... Toute fière que j'étais, j'ai voulu appeler mon Mystérieux Inconnu pour lui annoncer la bonne nouvelle (il est assez calé sur l'art informatique et nous sert, en général, à ma petite famille et moi, de réparateur d'ordinateur... L'occasion pour moi, dans mes rêves les plus fous, de l'entendre dire "c'est bien, mon coeur, de t'en être sortie sans mon aide !") mais à 9 h 15, comme je m'y attendais, Monsieur dormait encore...
Bref ! En ce mercredi matin, le modem est arrivé comme un cadeau du Père Noël, alors que je rédigeais ma fiche de prep sur la séance de géométrie de jeudi, pour mes loustics de CE1. Il faudra que tu me parles en détail de ces chers bambins, Mirabelle... Mais oui, mais oui... De toute façon, rassure-toi, si je viens papoter avec toi aujourd'hui, c'est parce qu' au bout de deux jours de stage, j'ai déjà des tas de choses intéressantes à raconter sur ces sacrés loustics de CE1 !

Le sujet qui nous occupera aujourd'hui est le suivant : la punition.
Comme beaucoup de jeunes maîtresses, j'ai du mal avec la punition. La punition, ce n'est pas bien, nous dit-on à l'IUFM. C'est une preuve d'échec. Bon. Je veux bien. Il n'empêche qu'après mon SR2, j'en suis venue à la constatation suivante : si l'on ne prend pas la classe en main dès le début, on peut très rapidement se faire bouffer. Avec mes GS-CP, j'avais eu des scrupules à faire preuve d'autorité. Du coup, la première semaine allait cahin-caha, les petits filous ayant bien vite su profiter de mes failles pour faire les quatre cents coups dans la classe.
Cette expérience m'a servi, Victor. Car, dès lundi, avec mes CE1, j'ai, comme qui dirait "serré la vis". Tu me fais peur, Mirabelle... Ne t'en fais pas, je n'ai en rien manié le martinet, ni fait faire des pompes ! Mes suppositions n'auraient pas été aussi loin, tout de même ! Hier matin, j'ai donné ma première punition. Bon. Je ne dis pas que je n'ai pas culpabilisé un petit peu, en voyant toutes ces moues boudeuses, ces stylos appliqués à écrire "Pour bien travailler, je dois être sage en classe" sur les cahiers de brouillon.
Je me suis vue comme une sorte de maîtresse-sorcière, vilaine et méchante, alors que je ne souhaitais, au fond, qu'instaurer une atmosphère propice au travail dans la classe. Une intention fort louable, donc ! Oui. Il n'empêche que j'étais bien embêtée d'avoir à leur faire copier des lignes. Je n'aime pas cette idée de copier des lignes. Mais comme dirait mon prof de Philo de l'Education de PE1 : quel est l'intérêt de la punition si l'élève en tire du plaisir ? Aucun. La punition n'a de sens que si elle est désagréable à l'élève, de manière à ce qu'il tire des leçons de ses actes. Ca m'attriste d'en arriver à de telles extrémités, mais la vérité, c'est que je ne sais comment faire autrement.

A 11 h 30, c'est la sortie. Mes montres n'ont pas terminé la punition. Me voilà bien embêtée. Et là... Le choc. Mathias lève la main et s'exclame :
"Maîtresse, je vais finir ma punition après manger, quand je reviendrai. J'aime bien, moi, copier des lignes ! Je copie bien ! Et puis ça m'entraîne le poignet !"
Je crois rêver, bien évidemment... Ô, sublime monde parallèle des enfants qui grandissent... Il insiste, insiste : "Mais siiiii, maîtresse, je vais la finir en rentrant !".Et moi qui tape du poing sur la table (au figuré !), rappelle que dans l'histoire, je suis la maîtresse et il est l'élève (ben oui, quand même...) et que par conséquent, et jusqu'à preuve du contraire, c'est moi qui décide et pas lui. Qui l'eût cru ? Quelle autorité, Mirabelle, tu m'impressionnes ! Rigole, Victor, rigole. Tu sais, depuis le SR2, j'ai pris de l'assurance, je m'en rends compte. Tu m'en vois ravi !

Bref. Tout ça pour dire, une fois de plus (je me demande si je ne clos pas tous mes articles par ce constat...), que les enfants sont pleins de surprises. Pour rien au monde je ne changerais de métier.


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