Parfois la vie se résume à un déclic

Publié le 21 novembre 2012 par Vaisken

Je ne posterai pas avant le concours blanc ♥


Mes deux plus grands amis. Mes deux plus fidèles compagnons. Thé et café. Je vis avec eux. Le matin à 7h, un mug de café. Le midi, un mug de café. A 18h, un mug de thé. A 20h, un mug de thé. A 22h30, une infusion. Ce sont mes deux chouchous, mes deux préférés, ceux qui me donnent envie de continuer. Ceux qui me donnent la pêche pour m'accrocher, pour m'éveiller à tout moment de la journée. J'ai eu un déclic depuis le dernier article. Un déclic qui était latent auparavant mais dont j'ai mesuré toute la portée ce week-end. La cigarette est une dépendance au même titre que le café et le thé. J'ai compris comment travailler. J'ai eu une épiphanie, une vision, un éclair de génie. Appelez cela comme vous le souhaitez. J'ai compris tout d'un coup que je ne veux pas préparer Chartes. J'ai compris que l'ENS c'est possible. J'ai compris qu'en étant en prépa nous sommes avantagés par rapport à la Fac. J'ai compris. Comprendre. C'est long comme processus. Comme certaines journées sont longues.
Notre vie est rythmée par les mêmes actions. Le matin, j'entends la même musique pour me lever. Pendant que je fais le café, ma colloc' va chercher le pain. A 7h45, je pars de chez moi. A 12h je sors de cours. A 12h50 je pars de chez moi. A la fin de la journée je rentre. C'est long parfois. Aujourd'hui le Latin a été excessivement long. Après 7h de cours, les 2h de Latin venaient au mauvais moment. Parler de la scansion et des clausules pendant 2h, ce n'est pas encore ce que je préfère. J'ai eu le temps de réfléchir en Latin. J'ai repensé à ce que l'auditeur libre de Lyon m'a dit à 3h du matin vendredi soir... ou samedi matin, allez savoir. L'ENS est accessible. Même une personne qui est faible en début d'HK ou de KH peut y arriver. Entendons-nous bien. Lorsque je dis 'accessible', je dis que c'est possible. Pas que c'est mon cas actuellement. Loin de moi l'idée d'ego démesuré. Ce que je veux dire par là, c'est que tout est possible. Il faut s'en donner les moyens. Certes ce discours a été dû être entendu par beaucoup d'entre vous. Mais réfléchissons-y. Je ne doute pas que vous ne vous donniez pas les moyens pour y arriver, je ne veux pas dire cela. Je crois surtout qu'il faut démystifier l'ENS. Les 'monstres de la prépa' ne sont pas les seuls à y parvenir. Je suis en train de préparer mon exposé sur Kourouma et Les soleils, je crois que cela m'atteint. Je me dis que tout est possible parce que pour réussir quelque chose, il faut d'abord y croire. J'ai remarqué que depuis le début de l'année, le comportement entre collocs est différent. J'y crois. En un an ou deux ans, je me dis que c'est possible. Je me fixe un objectif. Si je ne m'en fixe pas, je ne bosse pas. Au départ, je me suis fixé la progression. Chouette mais pas suffisant à motiver les troupes. Puis j'ai eu Chartes. En définitive, ce n'est pas ce que je veux faire. Chartes délivre un enseignement fondé sur l'étude des textes anciens et médiévaux. Peu ou prou sur l'époque contemporaine. Je vis époque contemporaine. Je ne connais point l'époque moderne. Je ne suis pas attiré par l'époque médiévale. Je suis plongé dans l'époque antique depuis la sixième. Je ne conçois pas d'en faire mon métier. Enfin, revenons. L'ENS c'est possible. C'est ce qui me motive. Je tente, et y parviens plus ou moins, de donner raison à ce que je fais. Ce week-end, j'ai rédigé ma dissertation de Philosophie, j'ai écrit mon commentaire d'Histoire Spé sur les accords de Lucques, j'ai tapé à l'ordi mon plan détaillé d'Histoire. 2 devoirs sur trois en facultatif. J'ai fait les devoirs annexes et avancé pour mon exposé. En réalité, je suis masochiste. J'aime la prépa même si c'est dur. Cela fait plusieurs jours que j'ai cette phrase en tête qui me revient constamment pendant les cours d'Anglais - on travaille sur l'époque victorienne - dura lex sed lex - la loi est dure mais c'est la loi. La prépa m'ouvre des champs de réflexion que je n'aurais jamais imaginé. Mais cela nécessite de grands sacrifices. D'immenses sacrifices. Je n'ai plus, pour ainsi dire de vie sociale. Je ne sors plus. Mes moments de détente se font au théâtre, au cinéma, ou à aller dans une librairie, à la bibliothèque de l'université pour dénicher cette thèse sur les fondements et les représentations identitaires chez Jelloun, Kourouma et Warebi. Les sacrifices sont grands. Le dimanche de la fin des vacances, des amies sont venues... de la prépa avec le pot de Nutella. Samedi soir j'ai assisté à la représentation de La Fausse suivante de Marivaux avec mes collocs. Demain soir, mon équipière d'exposé vient manger à l'appart' après avoir bossé l'exposé. Jeudi soir, je vais essayer d'aller au cinéma, je ne sais pas encore quoi, mais j'ai envie. Je ne vois que peu mon copain. Et comme je bosse, je ne parle pas beaucoup. Il y a une fâcheuse tendance à l'éloignement à laquelle nous essayons de pallier. Ce n'est pas simple. Je vous entends déjà me dire : 'sois prudent', 'ne mets pas ta vie entre parenthèse', 'arrête d'en faire autant', etc. Certes vous auriez raison d'un côté mais le pour et le contre ont déjà été pesé. J'ai choisi de venir en prépa, à moi de donner un sens à ce que je fais. Je passe sciemment des heures sur mes cours. Le concours blanc est jeudi prochain, j'ai commencé les révisions dimanches alors que l'année dernière je révisais le jour même pour le lendemain. Tout est une question de point de vue. Je commence à comprendre ce que je veux. Et je suis satisfait de moi-même. Je le remarque cette semaine. Je me suis mis à participer. Au lycée, je participais en classe au quotidien. En septembre d'hypo également. Puis après, vide total. J'ai réfléchi - je crois que cela me perdra -, j'en suis venu à la conclusion qu'il n'y a qu'un seul moyen de maîtriser mes connaissances : l'appel spontané d'une question de classe. C'est là que tout se joue. Aujourd'hui, on parlait du cours d'oral d'histoire. La prof demande d'où vient le principe des nationalités. Calme plat. Je réponds que Napoléon III a enraciné totalement cette valeur dans la société française sous le Second Empire. Oui mais avant ? Calme plat. Et là, réflexion. 1789. Le schéma est le même en Anglais. Je pense sérieusement que ma prof de Français de l'année dernière a raison sur ce point. En mettant de côté toutes nos divergences, je peux dire, affirmer peut-être, que l'oral fait progresser pour l'écrit et pour l'agencement des connaissances. Je sacrifie beaucoup de choses. J'en suis conscient. Je pèse le poids de ce que je fais. Et j'essaie de le faire correctement. L'auditeur libre qui a passé 3/4 jours avec nous m'a dit. Tout le monde se vaut. Les Parisiens - qui sont à "l'occasion" objets de frayeurs immenses par les provinciaux - sont tout aussi cons que nous. (Ce sont ses mots) Ils n'ont rien de plus que nous. Il faut savoir dépasser cette peur pour voir l'espoir derrière. Il faut aussi savoir garder les pieds sur terre et se dire qu'un concours se rate. Il faut également savoir rêver. Parfois les rêves se réalisent.