Revue de presse BD (66)

Publié le 12 septembre 2013 par Zebralefanzine @zebralefanzine

Spéciale "liberté d'expression"

+ Ce qui me plaît chez le Tampographe Sardon, c'est qu'il est un des rares auteurs publiés par "L'Association" à se moquer des moeurs sexuelles de la bourgeoisie parisienne.

En outre sur son blog on peut lire : "On me propose des ateliers pour la jeunesse. Je me demande ce que j'ai pu faire d'assez crapuleux, répugnant et indigne pour qu'on me demande d'animer des stages de tampons pour les petits bourgeois parisiens."

Je conseille au Tampographe S. quelques tampons misogynes pour s'éviter à l'avenir ce genre de proposition insultante.

+ "Albert Camus va massivement investir les rayons des libraires en cet automne du centenaire de sa naissance", dixit Jérôme Dupuis dans "L'Express". Je n'apprécie guère A. Camus, lui préférant des romanciers qui savent extraire le jus comique de l'existence, y compris dans les temps modernes les plus atroces ; mais, de là à accuser Camus "d'investissement massif" ! "L'Express" ne fait pas dans le commerce de détail...

+ Le premier n° de la "Revue dessinée" (qui avait recueilli 36.000 euros de dons sur le site de crowdfunding Ulule.com) vient tout juste de paraître. Il est devenu plus difficile désormais de dire du mal de la grosse presse et son canon de 420 mm que de la pègre. L'ancien résistant Raymond Aubrac a reconnu il y a quelques années que les actes de censure des partis gaulliste et communiste à la Libération avaient involontairement contribué à la mainmise ultérieure des groupes industriels et bancaires sur la presse et les médias. Et, dans une autre interview archivée par l'Acrimed"Nous disposons de moins de moyens pour décrédibiliser la presse qu'il n'en existait dans la société française en 1943 ou 44... c'est évident."

Cela explique l'engouement actuel pour les médias alternatifs, auprès des jeunes générations notamment, qui se demandent de plus en plus si "la vérité n'est pas ailleurs" que dans les journaux. N'ayant pas encore eu l'occasion de lire la "Revue dessinée", j'ignore donc à quel point cette revue répond à cette attente d'alternance.

+ Le feuilleton-BD est désormais tellement à la mode que même "Le Monde" a le sien. Si le monde ne suivait pas la mode, il ne serait pas le monde.

+ Face au mécontentement de sa fille, l'écrivain Jean-Louis Fournier et son éditeur (Stock) ont dû insérer un droit de réponse à la fin de "La Servante du Seigneur". Convertie au christianisme, Marie Fournier trouvait que son père poussait le bouchon un peu loin en la décrivant comme une bigote pour soigner son aigreur qu'elle lui ait ainsi échappé. Ainsi toutes les filles ne font pas corps avec leur père comme Ophélie et Polonius, pendants d'Oedipe et sa mère Jocaste.

Auteur et éditeur évitent ainsi une condamnation à des dommages et intérêts substantiels, telle que les tribunaux ont déjà prononcée dans ce cas, même si la BD n'est pas encore concernée.

Certains voient dans ce type de condamnation une atteinte à la liberté d'expression. Encore faut-il prouver que la fiction est un art libre (ce que Shakespeare infirme) ; du reste il faut bien reconnaître la primauté de la fiction juridique sur la vendetta personnelle.