Quatrième de Couverture
Alors qu’il est jeune garçon, Florian de Liliis assiste à une cérémonie au cours de laquelle son frère Arnald, à la suite d’une maladresse, est humilité et frappé violemment par la future reine Swanhilda. Les deux frères jurent vengeance, mais ce n’est que seize ans plus tard qu’ils décident de prendre les armes pour réparer cet affront et ôter la couronne à cette reine, haïe de son peuple à cause de sa tyrannie et de sa perfidie. Débute alors une autre histoire de vengeance, celle d’Harald le Rouge, fils de Swanhilda. Lors du combat qui oppose les frères de la maison des Lys et Harald, Florian tombe dans un précipice qui le conduit au Pays Creux, lieu de passage entre la Terre et l’Au-delà. Guidé par Margaret, il débute sa quête de la rédemption.
Publié en 1856, ce texte est considéré comme le premier roman de fantasy. Encore assez méconnu, il constitue pourtant un moment fondateur de ce genre fictionnel qui donnera naissance aux œuvres de Tolkien et de C.S. Lewis.
« Savez-vous où il se trouve – le Pays Creux ? Depuis longtemps, maintenant, j’en suis à la recherche, j’essaie de le retrouver – le Pays Creux – car c’est là que j’ai vu mon amour pour la première fois. Je veux d’abord vous dire comment je l’ai trouvé ; mais je me fais vieux, et ma mémoire me trahit : il vous faut patienter et me laisser réfléchir si d’aventure je puis vous dire comment c’est arrivé. Oui, à mes oreilles résonne un bruit de trompettes qui retentissent dans des landes désolées, de mes yeux et mes oreilles, je vois, j’entends le choc et le fracas des sabots de chevaux, le son et l’éclat de l’acier ; des lèvres retroussées, des dents serrées, des cris, des hurlements, et des imprécations. »
William Morris (1834-1896) fut imprimeur, poète, écrivain, peintre, conférencier, dessinateur, architecte et activiste socialiste.
Mon avis
Le Pays Creux renferme l'histoire de la vie de Florian de Lilis, un homme élevé selon un code d'honneur que l'on peut aisément comparer, au sein de la littérature, au code d'honneur des Chevaliers de la Table Ronde. Le sens de la famille prime face à toutes choses et sa quête a pour but de venger son frère. Il découvre sans le vouloir Le Pays Creux où il rencontre son Unique Amour. Il vit en ces terres une vie de plénitude et cet avant-goût de paradis le force, une fois un âge avancé atteint, à vouloir y retourner pour finir sa vie.
Le Pays Creux tient plus du conte que du roman de fantasy à mes yeux. On suit le parcours initiatique d'un héros qui, mortel, commet de nombreuses erreurs. Son principal faux pas réside dans son désir de rendre justice lui-même. En prenant ainsi la place de Dieu, il outrepasse son statut de simple être humain et s'attire la foudre du destin. Cet ouvrage est imprégné de la culture chrétienne, des croyances des hommes. Il s'agit d'une épopée teintée de religion que nous offre ici William Morris. Seulement, on peut tout de même considérer que l'oeuvre est effectivement du domaine de l'heroic fantasy ; notre héros est un chevalier évoluant dans un monde inspiré du Moyen-Âge, il affronte une Reine qui semble osciller entre la créature qui le pousse à la faute et celle dont la mort l'oblige à se repentir toute sa vie durant. Le mélange entre fantasy et religion est assez habile ; il permet de séduire un type de lecteurs qui se serait laissé facilement effrayer par un conte tournant uniquement autour de la religion chrétienne pure et dure. Je fais partie de ce groupe-là et j'ai été surprise de ne pas être rebutée par la présence constante de la religion.
Les personnages sont très peu explorés, mais cela semble naturel. On se retrouve tellement pris dans les pensées du héros, dans ses réflexions, que ce n'est qu'une fois la lecture terminée que l'on se demande pourquoi on sait si peu de choses sur qui il est, tout en connaissant la quasi-totalité de son histoire. L'homme que Florian de Lilis cherche à retrouver est présenté comme un être malfaisant tout au long de la quête et, lorsqu'il apparait à la fin, on se rend compte qu'il n'y a pas de personnes bonnes ou mauvaises ici, mais plutôt des personnes ayant suivi ce qu'elles pensaient être juste. Des personnes qui ont dû passer leur vie entière à chercher le pardon pour leurs erreurs.
Notre héros retrouve enfin le Pays Creux lorsqu'il a terminé sa quête de rédemption. Un avant-goût lui avait été offert afin qu'il puisse trouver un sens à sa vie, sens qu'il a découvert après de nombreuses épreuves. On retrouve là tout le processus dicté par la religion, mais qui colle à nouveau à la quête d'un héros de roman de fantasy.
Malgré la construction habile du conte, je n'ai pas réussi à entrer complètement dans cette lecture. Le vocabulaire employé n'est pas celui que je côtoie habituellement et cet aspect m'a plu, mais cela n'a pas suffi. Je n'arrive pas réellement à définir ce qui n'a pas fonctionné avec moi ; peut-être le fait que, finalement, 52 pages se lisent bien trop vite pour avoir le temps de plonger la tête la première au coeur de l'histoire. Cela peut aussi tenir dans le côté flou de l'organisation des événements : le récit est celui d'un vieil homme contant sa vie, un homme qui prévient celui qui l'écoute que sa mémoire peut se révéler être défaillante. J'ai peut-être été perdue dans cette défaillance du personnage.
Le Pays Creux est un conte agréable à lire pour qui n'a pas peur de se retrouver face à un langage plus soutenu qu'à notre époque. J'ai réussi à lire facilement ce livre, à apprécier ce qu'il avait à apporter, mais ce n'est pas un ouvrage qui m'a réellement marquée. Peut-être ai-je aussi eu du mal à saisir tout ce qu'il avait à m'offrir.
Je remercie les éditions Aux Forges de Vulcains pour m'avoir permis de découvrir l'un des tous premiers ouvrages de fantasy.
Long est le chemin du repentir