« Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir ». Ce même espoir qui paraît-il « fait vivre ». Celui qui permet de s’imaginer une vie meilleure malgré des tracas prétendus passagers. Celui au nom duquel il serait légitime de sacrifier le présent sur l’autel des lendemains qui chantent. Continuer à espérer pour vivre son espérance. Nombreux sont ceux et celles qui traversent l’existence en tentant de résoudre la quadrature de ce cercle vicieux.
Car, salutaire lorsqu’il s’agit de lutter contre une maladie ou une baisse de moral provisoire, cette inclination naturelle de l’être humain s’avère toutefois parfaitement contreproductive lorsqu’elle touche au domaine économique. Notamment en terme d’acquisition et de répartition des richesses. En effet, au sein des classes sociales les plus défavorisées, il est de rigueur d’espérer que la roue tourne. Et que si possible, cela soit celle du jeu à gratter Le Millionnaire.
« Si tu veux perdre à un jeu, joue avec celui qui a inventé les règles » dit le dicton. Celles-ci sont simples : pour conserver un système inégalitaire qui maintient une minorité dans sa toute puissance financière, il suffit, sporadiquement, de permettre à un individu non issu de cette condition, d’y accéder. Pour cela, il existe différentes possibilités qui vont de la Française des jeux jusqu’au fameux exemple du « type parti de rien et qui s’en est sorti à la force de son courage », culpabilisant par la même l’ensemble de ceux dès lors considérés comme lâches.
Ainsi vivons nous dans une société baignée dans l’illusion du bon sens. Celui qui voudrait que les individus demeurent destinés à vivre en compétition permanente. Celui qui glorifie les gagnants, faisant mine d’ignorer la conséquence funeste de leur prétendue victoire : la défaite des autres. Aspirer à devenir riche nécessite, par définition, d’accepter de créer des pauvres.
Une politique égalitaire est-elle une politique qui permet à chacun de conserver l’espoir d’accéder à de meilleures conditions de vie? Ou celle qui permet au plus grand nombre d’y accéder ? La soif de réussite personnelle, de succès individuel, divise l’humanité au profit de celles et ceux qui n’ont alors plus qu’à s’asseoir sur leur fortune et vivre dans l’heureuse félicité de cet état de fête.
Le jour viendra peut-être où, fort de cette prise de conscience, l’extrême majorité de la population mondiale ne se laissera plus berner par les jeux de dupes de quelques disciples de Machiavel. Il est désormais nécessaire et urgent d’agir en ce sens. Plutôt que de seulement continuer à espérer.
Guillaume Meurice
16/09/2013