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Valérie (post-Atarɐxe)

Publié le 18 septembre 2013 par Banalalban

Dans le psy-champ sous le soleil noir/brûlé, carbonisé et barbelé nu, je suis une Harpone© de modèle 48 dans l’espace bariolé vert-violine n°29 de bile. Mon bel exosquelette en titane irradie sous les rayons mourants d’un ciel atone que c’est si silencieusement poli que ça sonne pieusement joli. Les sergents-adjuvants métalliques me surveillent-saignent et lorgnent lorsque de leur œil-caméra morne ou borgne j’insère méticuleusement et laborieusement mon dard mou dans la terre que je racle de mon socle dur et susurrant : des diamants brillent alors et forts, linteaux doux/lingots fous sorte d’étincelles que les autres ramassent dans des nacelles en sel de Camargue pour les entreposer par-devers eux en devisant à la pelle si ça fond obsolète et pâteux d’obédience obsidienne hors de tout idéal cornflake : « que faire, franchement, ce n’est pas de notre ressort… » ce à quoi un sergent rétrograde rétorque entre deux claquements « arrête ton char et tes blagues en surenchères, tu m’exaspères 44 bip bip troglodyte. » Dans le même temps de mes tempes, j’ensemence des sortes d’essaims coprophages articulés et téléguidés qui se frayent des passages dans la gogue ténue de la terre gelée, cette analphabète prétentieuse et si chère depuis l’aube des dents : je suis femelle et j'essaime aussi façon mâle à malfaçon. 


Certains ont, c’est sûr, il y a longtemps, téléchargé mon esprit dans cette Harpone© sans sexe que voilà au Sussex et je suis devenue devant vous _rêve fou/Ève folle/herbe molle/Adam dur et érectile_ telle elle en lui dans le Telemark norvégien bien après qu’on m’ait abreuvée en sous-cutanée de substances nootropiques nécessaires, mais délétères pour le grand voyage fractale en roulées laineuses suceuses rentrées. Je suis donc passée bien vite de là à là dans une sorte de lumière d’hélicoptère effarante et je suis devenue, affairée, assez heureuse dans une transe blanche de lâche lachée lasse. Assouplissant mes aspirants esprits, les drogues ont rendu mon âme si tante est et liquéfiée, alors ils l’ont mise _et oui_ dans des tubes étroits où mon corps s’asséchant étoilant, étiolé, les mues bues en boues ou boules bourlinguantes et liguées. La psyché s’est donc coulée ici-là et moi maintenant maintenant maintes et mites dans le psy-champ en serrées, tout petit kyste, je suis devenue cette jolie Harpone©-là et vite toute en titane tintinnabulant avec des rotules, des notules, des nivelés engrenages et des mécanismes précis en folies en voulez-vous, en voilà, envolés à peine voilé-prout. Pète et gaz _ pschitt en vapeurs d’échappement évidentes.


Je n’ai plus que de bribes souvenirs emmêlées qui pataugent encore de-ci de-là dans ce qu’ils _les Lieutenants Ferriques©_ appellent la « Soupe Primordiale » ou « Diable Duveteux » et que mes pères et moi relions d’épais tuyaux desquels découlent depuis la nuque, de l’or liquide en gruau que récupèrent d’étranges fanges-coupelles dans le but nu et motivé de nourrir de fats rats acouphènes aux couronnes et quelques dès de robots laids aux queues nudes érigées nouées tresses errées. Notamment en réminiscence-essence, l’expérimentation en télévisuel des étudiants studieux et tonnants du MIT américain mesquin qui, en 1972, s’enquérant de l’équilibre des corps, du haut d’une tour à four ma foi du sixième étage-éponge quelque part en novembre six degré donc sous zéro subconsciemment associé à du mercure rouge dans un plastique blanc, ont lancé sans autre forme de procès, un piano qui s’écrasa progressivement et bien docilement quand mollement sur un laaaaaa lilas et lugubre et sourd si croqué dans un Moleskine, qu’une sorte d’hurlement qui dura six-ans, mais dans la bible en corps en cœur d’une petite apocalypse, effrita bien quelques crépis des murs peu sûrs des Etats-Unis d’Amérique. Je l’ai vu, sautant à l’élastique, je l’ai su, le pire anneau, souvenir parmi d’autres dans une « Soupe Primordiale » je l’ai dit donc ding dong fait la gigue avec des éclairs en spasmes électriques de mon passé tourné dans une comme mue robotique.


… mais dans une rue bondée d’étudiants, quelques jeunes plus futés que d’autres pénètrent le bâtiment pendant qu’un brouhaha investit tout et que du haut sont sur le toit une bonne dizaine d’autres encore portant cheveux mi-longs ou bien rouflaquettes et pantalons pattes d’eph et accroché comme à rien le piano semble tenu par des fils invisibles entre les graviers du toit et le rebord et le vide et l’asphalte de la rue qui est en contrebas sinon c’est bien peut-être un parking comme suspendu à rien ou bien à une respiration et puis l’instrument est précipité dans une horreur de son silencieux qui se fait écho à un trait blanc qui tranche le ciel et puis s’écrase pendant que les touches explosent et que les cordes rompent quand quelqu’un s’écrie : « C’est un jeté de piano !!! » et que tout le monde applaudit…

Dans le champ-psy bariolé de bile mon corps d’acier encore en ocre moiré se reproduit avec une cadence staccato infernale toutes les deux heures ou presque après l’engraissement gracieusement gratuit à l’huile produite par des mâles acquis, mais des femelles aussi : dans les machines épines et pontes, les plus imposantes comme les plus bruyantes, point de sexe subit et les sirènes qui décomptent les temps morts pour les cormorans articulés en bronze vert-de-grisés comme les sonneries d’interclasse dans les écoles d’autrefois et les gamins qui courent entre les strapontins en bois, des échardes, mais du sexe de rien, merci. Je donne alors naissance après trois heures de temps suspendues par des bielles, à de petits engins en blocs par grappe de douzaines de corps rattachés-rapiécés, amalgame d’êtres insensibles et gesticulants qui tout de suite, autonomes, se mettent à l’action en besognant la terre à leur tour avec des socs bien habiles qui de génération en génération s’améliorent encore, s’uploadant. Je suis si fière puis je m’en fiche dans des prises mâles pour des femelles : nous mélangeons les fruits de nos labeurs. Le cordon vite sectionné pend en fer : il est pot-au-lait recyclé est devient câble tant dans notre univers, rien ne se perd et tout se crée par des sensilles savamment reliées désabonnées de tout Œdipe. Peu avant leur émancipation, mes enfants me vomissent dessus leur doucereuse liqueur placentaire évanescente en vastes épis, ce qui assure, sans peine aucune, la lubrification de mes mécanismes déments et élucubrés ainsi que la pérennisation essaimée du gruau dispensé par ma bouche que nous finissons de nous passer de robot en robot, suçant/sucé. Le cercle de la vis. Son inexorable exploration et son inter-minable extra-polarisation.


Mes logiciels furieux fulminants sont constamment remis à jour eux aussi quand sollicités sous les canons de la surproduction à mesure après chaque accouchement et chaque fois que quelques traces de vie encore subsistent : là-bas, des pétales s’étiolent dans du formol : les enfantements ne me définissent en rien : ici, c’est comme exécré, car c’est sans sexe. Certains autres individus bioniques m’insèrent des disquettes dans mes fentes pour rebooter mes circuits sur des choses imprimées alors qu’une voix synthétique dit : « Approchez, approchez, venez sur mon piédestal, celui des mythes : la mère, la pute, l'artiste. » les réminiscences de la « Soupe Primordiale » encore :

… le Grand Palais affiche complet et l’artiste fait son show mégalo car nous sommes en 1977 lors de la Foire Internationale d’Art Contemporain à Paris. La femme monnaye sans pudeur son baiser pour 5 francs quand six sous et son buste est iconique et ses tétons noirs et blancs. La madone d’elle gira bien à côté, loin s’en faut : c’est peut-être un sans-faute, nul si découvert…

Sur le côté bien à l’abri dans des cages dans des caves, quelques humains vraiment biens parmi lesquels autrefois j’étais, pleurent nus mornes de ne pas être sauvagement et plâtrement machinés, rendus esclaves qu’ils sont, sonnés, d’enveloppes bêtement mortelles, chairs, putrides, fiels, suppurations, à peine tentent-ils : « téléchargez-nous, téléchargez-nous, qu’on en finisse ! » d’une toute petite voix de chiot docile, las. Envieux, laids, vivants. Nous autres machines nous rions d’eux bien que nous n’ayons plus véritablement le temps pour cela tant nous laissons les laisses aux autres autonomes cosmonautes du grand tout : nous travaillons pour un grand plan transhumaniste que nous ne connaissons pas, un manifeste inscrit comme gravé sur une disquette de la taille d’un grain bien caché quelque part dans des strates : nous n’avons aucune conscience et nous nous enfichons les uns aux autres lorsque les nuits viennent pleines en fins pour laisser la place à d’autres équipes d’éclipses à la queue-leu-leu, les huiles et les liqueurs, corps contre corps encore. Les lunes ravies ravissantes crèches. Les tortues luisent : nous forniquons en fer, éparses et dit : « Couchons/créons/sacre-nom ! ».

Dans nos veines devenues circuits imprimés clitoris courent, maboules, des nanotechnologies en fuite, puces artifices morpions nous rangeant rageusement dans l’immortalité des choses et des pierres très posées sur des tombes judaïques, quid aux pieds, quid à la tête, symboliques. Au-delà de toute déchéance, nous avons résolu les différences et dans l’indifférence du genre, nous évoluons libérés de toute comparaison dans le transhumain : les modèles obsolètes sont remis à jour en enfantant des robots qui les rebâtissent, les gamins devenant constamment les parents et inversement : pas d’adultes, rien. Pas de marques, ni envie : pas de publicités. Inutile aussi de partir et de travailler : l’argent n’existe en rien et nous bossons gentiment pour le bien commun du manifesto H+. Ainsi nulle mort. Jamais. Pas de toux, ni de pneumonie, pas de maladie, une longue vie d’Harpone© de modèle 48. À jamais. Sans aucune peur des horreurs même si dessous des lits naissent toujours les monstres à l’ombilic oblong au visage de David dans la somme inexorable de tous ces choix que nous, machines en Goliath, n’aurons jamais plus.

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