Le cinoche à Jules-La Soif du Mal

Publié le 18 septembre 2013 par Jules

A la frontière Mexicaine, un attentat à la voiture piégé fait se télescoper le destin de deux flics. Vargas, policier mexicains intègre et Hank Quinlan un ripoux hanté par la mort de sa femme.

Revoir aujourd’hui La Soif du Mal, c’est se rendre compte à quelle point Orson Wells était dingue. Un dingue de génie. Déjà avec Citizen Kane et à tous justes 25 ans il inventait à lui tout seule le cinéma moderne. Jeune prodige il savait à peu près tout faire (écrire, jouer, mettre en scène..). Cependant, quand il commence le tournage de La Soif du Mal, il n’est plus que l’ombre de lui même. Persécuté par le fisc Américain, il se réfugie en Europe. Mais l’occasion de tourner une nouvelle fois aux USA est trop belle pour que Wells la refuse. Au départ simple acteur sur le projet, il se fait rapidement nommer metteur en scène sur la demande de Charlton Heston.

Si au début, ses motivations son purement d’ordre financières, Orson Wells va rapidement cannibaliser le film. Il réécrit entièrement le script, choisit son propre casting et organise deux semaines de répétions. Méfiant, Universal surveille de prêt le tournage. Wells privilégie alors de tourner de nuit pour travailler sans contraintes. Quand les cadres du studio se présentent enfin sur le plateau, il met en place de savants plans séquences afin de les impressionner.

Mais Hollywood va de nouveau s’acharner. Le film est remonté en l’absence de Wells et certaines scènes seront retournées par un autre metteur en scène. Déçu il envois quand même un mémo de plusieurs pages aux studios afin de modifier le nouveaux montage et ainsi l’améliorer* mais en vain. Le film sera un échec au Box Office.

Ce qui surprend le plus à la vision du film aujourd’hui, c’est sa liberté de ton. Même si l’histoire est plutôt tragique, les acteurs semblent s’amuser comme des gamins et apportent pas mal d’humour à l’ensemble. De plus la mise en scènes de Wells (à la limite du baroque) touche au sublime. Le plan séquence qui démarre le film en est un bel exemple. Plaçant sa caméra dans les coins les plus inhabituelles, il initie un style de mise en scène naturaliste qui influencera beaucoup la nouvelle vague. Pas étonnant que La soif du Mal se retrouve très fréquemment dans la Top List des plus grands films du cinéma.

*C’est Walter Murch, célèbre collaborateur de Coppola et monteur de génie, qui « reconstruira » le film en suivant le mémo de Wells. Cette version est disponible en Blu-Ray.