J’ai jeté le goupillon des biberons et vendu le porte bébé.
Comme ça.
Naturellement, sans aucune émotion. Même pas une petite larme ou une pointe de nostalgie. Je suis de ces gens là qui ne regrette pas les nouveaux nés. Dans ma maison plus de bébé. Juste des enfants scolarisés.
Et j’aime ça.
J’aime leur liberté de mouvement, sans poussette. J’apprécie ne plus avoir de couches à changer, de biberons à préparer.
Discuter avec eux est un régal, les facéties de ma fille et les raisonnements de mon fils ne cessent de me faire sourire.
J’ai pourtant été une mère louve à tout donner pour mes petits quitte à m’oublier. Je les ai porté, allaité longuement, respecté. j’ai été émerveillée par chaque seconde de leur vie depuis leur premier souffle, tout en les détestant régulièrement. La petite enfance, cette période si sucrée et pleine d’ambivalence. Ces petits êtres tout entier dépendant de leur maman. Cette responsabilité qui arrive sans crier gare et ces tempêtes d’émotion qui bouleversent toutes nos certitudes.
Pour moi c’est fini.
J’ai jeté le goupillon et vendu le porte bébé.
Je ne sais de quoi demain sera fait.
Je pourrais sans doute m’arrêter là. Mais je ne le sais. Pourrais-je un jour dire avec certitude que je ne mettrai plus au Monde? Que je ne ressentirai plus ces vagues de Vie me remplir, que mon corps ne sera plus jamais au service d’un petit de Nous.
Je vais continuer de me séparer petit à petit de toutes ces traces de leurs premiers mois, comme autant de petits cailloux semés de ci de là.
Mais plus que tout je vais les regarder, les écouter, les sentir et continuer des les accompagner sur ce chemin de la vie qu’ils deviennent des Êtres.
Humains