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Sting – The Last Ship

Publié le 23 septembre 2013 par Zegatt

Cela fait 10 ans que Sting – Gordon Sumner – n’a plus fait d’album exclusivement composé de chansons originales. Depuis "Sacred Love" et ses rythmes électroniques (2003), album qui avait laissé place à une immersion dans les temps shakespeariens avec le répertoire de John Dowland pour le splendide "Songs from the Labyrinth" (2006).

Le ton était donné, après la surenchère sonore, le temps était à l’épure, teintée de nostalgie pour le coup puisque The Police se reforme le temps d’une ultime tournée (2007). Une rapide participation à l’opéra "Welcome to the Voice" (2007 également) et en 2009, un album considéré par beaucoup comme de banales chansons de Noël. En réalité, un détour plus fin, prétexte pour évoquer l’hiver dans la chanson anglo-saxonne avec un jeu de réécriture musical (en particulier la reprise du "King Arthur" de Purcell pour Cold Song) qui fait de "If on a winter’s night" (2009) la suite, moins élaborée peut-être mais plus variée, de "Songs from the Labyrinth".

Le public change également ou se fait du moins plus intimiste : les tournées pour ces deux albums ont lieu dans des salles réservées à la musique classique (Pleyel en France, alors que "Brand New Day" était passé par l’Olympia et The Police par le Stade de France).

Puis c’est au tour du répertoire exclusivement propre à Sting & The Police d’être revu pour des instruments classiques avec "Symphonicities" (2010) dont le titre sonne comme un rappel des Synchronicity I et II de l’album éponyme de The Police (1983). Cet album est en parfaite logique avec la carrière solo de Sting, ponctuée régulièrement de réécritures, de réarrangements, dès le "Bring on the night" (1985 pour la tournée, 1986 pour l’album) en passant par "Nada como el sol" (1988), et d’autres lives comme le "Last Session" avec Gil Evans (1992) ou le superbe "All this time" (11 septembre 2001). Bref, les mêmes tubes, les immortels de The Police (Roxanne, Every breath you take ou Message in a bottle) et les immanquables de Sting, régulièrement revus, jazzy, épurés, ou au contraire surchargés de sons électroniques et de guitare électrique (Dominic Miller en particulier, qui suit Sting depuis près de vingt ans).

"Symphonicities" donc, qui sonne par moments comme un raté, en particulier pour ce qui est de l’interprétation des classiques de The Police avec orchestre symphonique et un accompagnement de voix féminines parfois excessif (Next to you qui ouvre l’album en particulier).

Une fois de plus, c’est le live qui viendra sauver le son, avec un enregistrement "Live in Berlin" (2010) bien plus vivant et efficace que l’album initial, avec notamment une reprise de très grands morceaux amplifiés par l’orchestration, Shape of my heart et Mad about you qui n’étaient pas présents sur l’album studio.

Poster

Et, trois ans plus tard, voilà donc "The Last Ship" (qui sort aujourd’hui 23 septembre 2013), composé de 12 morceaux pour un peu plus de 45 minutes d’enregistrement. Epure toujours, avec un nombre d’instrument relativement limité et clairement choisis pour évoquer les airs anglo-saxons (What have we got ?).

Le texte renoue avec Newcastle et sa région, se voulant régulièrement autobiographiques, comme en résonance avec certaines lignes de "Broken Music" (publié en 2003, 2004 pour la version française) mais surtout avec les albums du début des années 1990 : avant tout "The Soul Cages" (1991), évocateur du décès des parents de Sting et dont on retrouve une bonne part des métaphores et des symboles, en particulier l’île des âmes et la cage aux âmes (titres du premier et avant-dernier morceau, Island of souls et The soul cages évoqués ici dans le morceau intitulé Language of birds). Beaucoup de bateaux également, de chantiers et de peintures évocatrices du Newcastle industriel comme déjà dans The wild, wild sea.

A d’autres moments l’album rappelle des sonorités de "Ten summoner’s tales" (1993) ou "Mercury falling" (1996). Un clin d’oeil également à la chanson francophone puisque de l’aveu même de Sting, The night the pugilist learned how to dance se veut un hommage aux compositions de Jacques Brel, sur un rythme de valse et régulièrement ponctuée de touches humoristiques.

Dans son ensemble, "The Last Ship" est très contemplatif, doux, sans réelles envolées et pourvu d’un son épuré, légèrement répétitif et souvent jazzy. On regrettera peut-être la présence pas forcément convaincante de Becky Unthank sur So to speak mais pour le reste, l’album est une réussite évidente.

Quant au futur, pas de tournée à l’horizon, mais une représentation accompagnée de projections nostalgiques des chantiers navals de Newcastle aux Etats-Unis, avec près du double de chansons et peut-être une tentative pour en faire une représentation sur Broadway en 2014 et le temps d’un spectacle faire revivre l’Angleterre des années 1960.

Bonne écoute !

And yet, probablement la plus entraînante des chansons de l’album.



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