Unis dans les joies. Désunis dans les peines. L’esprit black-blanc-beur, vanté suite au succès de la France lors de la coupe du monde de football, laissa rapidement place, dans une situation de crise économique, à la triste méfiance mutuelle entre individus prétendument différents. L’autre, précédemment perçu comme une chance, devint une menace. Alors même que l’unique danger réside précisément dans ce repli identitaire.
Une réaction mortifère qui met en péril l’édifice fragile du « vivre ensemble ». Chacun est sommé de se positionner par rapport à des critères d’appartenance et d’identité. Les frontières se ferment autant que les esprits, avec comme fâcheuse conséquence, un sentiment d’isolement. Car choisir son camp, c’est précisément s’enfermer dedans.
Pourtant, quelle légitimité y a-t-il à habiter une partie de la planète Terre plutôt qu’une autre ? Si la République Française est « une et indivisible », l’espèce humaine ne l’est-elle pas autant ? Comment justifier qu’un citoyen du monde éprouve davantage de difficultés à voyager à travers les continents que des milliards de dollars, une paire de Nike Air ou une courgette ?
La trahison du mot libéral consiste à laisser croire que la liberté de circulation est totale, alors qu’elle ne vaut que pour les marchandises et les capitaux. La bêtise de l’idéologie nationaliste demeure dans le fait de fractionner l’humanité au mieux en pays, au pire en race. Dans l’incapacité de se projeter dans d’autres formes d’organisations plus globales et moins hypocrites, il y a fort à parier que l’humain n’est pas prêt de gagner la bataille qu’il livre contre lui même.
Ainsi s’enchainent les guerres politiques, idéologiques, économiques, territoriales. Nombreux sont encore celles et ceux destinés à se sacrifier pour des idées, un concept, une patrie. Comme l’ont été également leurs ancêtres, exactement pour les mêmes raisons.
Ces malheureux imbéciles qui sont morts quelque part.
Guillaume Meurice
23/09/2013