Elle m’a trimballé dans son sac, des jours entiers. J’y ai récolté une égratignure, quelques grains de sable et un ticket de métro en guise de marque-page.
Ils m’ont lu en cachette, tous les soirs, sous leur couette, la lampe de poche coincée dans les barreaux du lit. Surtout ce passage-là.
Elle m’a sorti dans le train, pour passer le temps. Elle a raté sa gare.
Il a corné ma 128ème page, ces mots qui résonnent en lui d’un bruissement sourd.
Elle a monté le volume de son sonotone et lui a demandé de relire la dernière phrase.Elle n’avait pas bien entendu.
Il a découpé un petit bout de papier de ma dernière page, il a inscrit dessus son numéro de téléphone et l’a tendu à cette fille. Elle a hésité avant de le prendre.
Elle m’a glissé dans sa valise, entre son pull rose et un jean.
Il a aimé mon titre et le dessin, sur ma couverture.
Elle m’a refermé, rêveuse, le dernier mot lu.