Magazine Humeur

J’aurais aimé être celui-là, à son âge.

Publié le 27 septembre 2013 par Donquichotte

Mon fils dans son Blog a écrit... son portrait.

Qui je suis?

qui_je_suisEn bref, je suis un anarcho-tibétiste-bouddhin du dimanche, avec quelques prétentions à la lucidité du shaman sur son toit (mais il faut bien redescendre de temps en temps), ce qui veut dire que l’ego est mon pire ennemi et que je considère le monde comme une grande chimère que l’on entretient savamment.

Mais je suis beaucoup plus que ça. Je m’insurge contre les étiquettes et voue un culte à l’anomalie et au métissage…

Tentons toutefois de cerner ce personnage insaisissable qui me suit telle une ombre:

Je suis poussière d’étoile, dixit Hubert Reeves. Je participe donc du grand chaos primordial en pleine expansion. Du Big Bang au Grand Crash, j’en passe et j’en arrache, la toile du multiple un se tisse selon un schème bien obscur et je ne prétends pas y voir clair, mais je saisis parfois en un éclair, incandescent mais éphémère, tout l’Absolu qui s’y terre. (De toute évidence, j’aime les rimes et les allitérations.)

Je suis fils du bois et de la ville, à jamais écartelé entre deux positions irréconciliables, ayant été engendré dans la nature jusqu’à la petite enfance, puis pétri par la cité à partir de cette folie passagère qu’on nomme adolescence.

Je suis créature de l’imaginaire: sorcières et spadassins, moines et assassins, chasseurs de prime et fées sublimes, bref, tout ce qui pullule dans les bestiaires peuple mes univers. Eh oui, je suis un geek, de catégorie amateur tout au plus, et j’affectionne la science-fiction mais surtout le merveilleux (ce que la langue populaire nomme fantasy).

Mes héros sont légion, mais je m’identifie énormément à Cyrano de Bergerac, surtout dans son «Non, merci!», à Don Quichotte, pour ses idéaux et sa naïveté.

Ainsi, je suis amant de littérature sous toutes ses coutures et je suis lettré, mais pas au pied de la lettre.

Je suis le président du for intérieur où s’empoignent mes personnalités multiples, me tiraillant dans leurs innombrables virevoltefaces. Je peine à y mettre un peu d’ordre, parfois (lire souvent).

Je suis donc l’enfant de mes lubies.

Je suis doublement fils d’anarchistes classe-moyenne-petite-bourgeoise, sans affectation mais comblé d’affection. Tout monopole, et par extension tout pouvoir, castrant doit être aboli. L’aune de l’humain demeure l’humain, et l’asservissement doit être partout dénoncé, attaqué, détruit; toute aliénation doit être combattue.

Je suis conservateur, car je crois qu’il existe quelque ordre caché au monde que l’entendement humain ne saurait verbaliser, encore moins conceptualiser, et qu’il est déraisonnable de se fier uniquement à la raison. Toutefois, si je ne peux nier l’existence des élites — difficile de constater qu’il y en a qui sont meilleurs que d’autres dans certains domaines — je m’insurge contre l’élitisme, c’est-à-dire le fait de leur octroyer des privilèges et, pire encore, d’ériger ces privilèges en système.

Je suis libéral, de ce libéralisme des philosophes mais non des économistes, celui qui cherche le bonheur et l’épanouissement humain dans le développement de l’individu à l’encontre des systèmes autoritaires (bref, je suis libéral parce que je suis anarchiste, car l’anarchisme est la forme la plus aboutie du libéralisme): je n’ai rien contre les religions et les traditions, au contraire, j’aime bien les étudier, néanmoins, il faut pouvoir conserver son libre arbitre.

(C’est pourquoi j’aime bien le bouddhisme, car Bouddha enseignait à douter de tout, même de ses enseignements! Vous trouverez pas beaucoup de gourous qui vous enjoignent à tracer votre propre voie…)

Je suis socialiste, et même marxiste dans son entendement analytique, mais pas dans ses conséquences politiques (je ne suis donc pas léniniste ou maoïste), bref, je suis socialiste libertaire, parce que la société ne peut être pensée en dehors de la relation précaire entre solidarité et liberté, toute réussite personnelle s’appuyant irrémédiablement sur l’accumulation et la transmission humaine du savoir depuis des millénaires.

Je ne suis cependant pas contre l’économie de marché, au sens où il est quand même plus aisé d’utiliser de la monnaie au lieu de faire du troc: je suis simplement contre l’avarice instituée en système aveugle qui ravage les gens et la nature et qui privilégie une petite caste élitiste.

Je suis écologiste, cela va de soi si l’on pense faire partie d’un tout indissociable, mais je le suis non pas parce que la Terre “souffre” >ahahaha< mais plutôt parce que je trouve passablement stupide le fait d’empoisonner tout ce qui nous sert à vivre.

(En même temps, peut-être que le but de l’humanité est précisément de détruire la planète, qui sait?)

Je suis même un peu fasciste, dans mes moments de faiblesse, quand je contemple l’humanité s’autodétruire, je me dis à regret que notre genre n’est pas prêt pour l’autogestion à grande échelle, qu’il ne le sera peut-être même jamais, et que, quoi qu’il en soit, nous n’avons probablement pas le luxe du temps de mûrir suffisamment pour y arriver alors que l’écologie se détracte solidement.

En ce sens, il nous faudrait peut-être une bonne et virile dictature verte afin de remédier à notre folie destructrice, les politiciens, ces monarques élus, étant plus enclins à servir les intérêts des élites économiques qu’à arrêter la machine à profit, et les citoyens, réduits à l’état de contribuables-consommateurs, se complaisant dans leur (relatif) confort et leur indifférence cynique ou coupable.

(Concernant les politiciens et les citoyens, je suis conscient qu’il existe moult exceptions à cette généralisation abusive, mais est-ce suffisant pour remédier à la situation? Je ne sais pas.)

Je suis féministe, bien que je ne sois pas sûr de saisir exactement ce que ça veut dire. Je suis pour l’équité entre hommes et femmes, comme entre hommes et hommes et comme entre femmes et femmes, mais ça me semble évident: étant socialiste, je suis pour l’équité tout court; étant anarchiste, je suis pour l’abolition de tout aliénation.

Je suis également nihiliste constructiviste, allez savoir ce que ça veut dire, ça.

Je suis probablement prétentieux, il n’y a qu’à me lire pour en être convaincu. Mais je sais aussi me faire très humble, lorsque dépressif ou illuminé.

Je suis également chrétien par infusion, bien que mécréant par définition. Je considère d’ailleurs Jésus comme un révolutionnaire et un anarchiste. Je suis croyant, même pratiquant; j’aime bien aller à l’église (comme au cimetière), mais on me refuse l’hostie sous prétexte que je n’ai pas été baptisé. Tant pis. De toute façon, je trouve pas que ça goûte très bon…

Si je suis chrétien, même catholique, c’est en bonne partie grâce à la théologie de la libération: ces prêtres qui défendent les pauvres au lieu de s’associer aux dictateurs a eu un effet salutaire et pour moi et pour l’église.

Je réalise un vieux rêve d’enfance en étant ninja, ou tout comme: je fais mon chemin sur la voie de la capoeira, pimenté çà et là d’un peu de jiu-jitsu, en résumé, je m’art-martial-mixe de manière originale mais sans y mettre assez de temps (bref, je suis trop de choses pour être vraiment quoi que ce soit).

J’ai la prétention de devenir écrivain, mais comme je n’ai jamais rien publié, je me déclare scribouilleur. Ça me plaît bien, ça pourrait même me suffire à être heureux, si jamais je ne publie rien de mon vivant. (Pour le posthume, j’en ai vraiment rien à christer…)

Je suis souverainiste, mais pas nationaliste: être souverain, c’est ne pas être assujetti à rien ni personne. Donc, être souverain, c’est être anarchiste. Le souverainisme, pour moi, c’est le combat contre toute forme d’aliénation, qu’elle soit économique, politique, sociale, psychologique ou spirituelle.

Je suis certainement patriote, car j’aime la terre et les gens qui m’ont nourri et qui le font encore, mais j’abhorre le chauvinisme. Aucun peuple n’est meilleur qu’un autre et nul n’a le monopole de la bassesse sur Terre. Elle est partout, celle-là…

Je suis aussi nègre, en partie, car je ne suis pas blanc comme neige, parce que je participe au système d’exploitation, parce que j’y suis soumis et que je n’arrive pas à m’en extirper malgré les malaises que ça engendre, à moi et aux autres nègres de toute la planète. Mon slogan: Nègres de tous les pays, unissez-vous!

Disons plutôt que je suis métis, parce que je suis beaucoup trop de choses, influencées par beaucoup d’autres encore, et que je ne fite dans aucun moule: je suis Québécois (ce qui implique probablement un mélange de divers colonisateurs, d’Autochtone, d’Irlandais, d’Écossais et bien plus), mais aussi Canadien malgré moi, Américain par extension (NB: pas Étatsunien), certainement Brésilien, un peu Français, Catalan et Italien (sur le plan culinaire), légèrement Japonais (et quoi d’autre, encore?), bref, inclassable, irréductible, voire incompréhensible — assurément incompris (de moi-même, du moins).

Finalement, mon slogan serait plutôt: «Humains de tous les horizons, métissez-vous!»

Je suis le fils, je suis le père, mais pas un saint esprit. Je suis aussi conjoint amoureux.

Mais tout ça, ce ne sont que des mots, des chimères de plus dans le torrent qui nous emporte.

On parle aisément de ce qu’on fait (principalement de notre travail, LA réponse par excellence), de ce qui nous passionne, de notre appartenance sociale, de ce qui nous entoure, mais on répond difficilement à cette question: qui est ce je en dehors de tout ce qu’il fait, aime et dit? Quelle est son essence?

Et maintenant, à vous de me dire qui je suis: laissez en commentaire la manière dont vous me percevez…


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