Comment font-ils pour vivre ?
Je les connais à leur surface, à leur périphérie, je les connais pour la fulgurance d'un cliché, bêtement en vrac : passes de lumière, lignes écrites, regard, vrai regard, attitude devant la vie, devant la mort.
Comment font-ils pour mourir ?
Vérité vraiment vécue quel que soit le prix à
Je ne les connais pas, ils me troublent, me bouleversent même, et me fascinent.
Je ne connais pas ces gens-là mais le monde entier semble reposer sur leurs épaules.
Leurs épaules sont fragiles, d'os, de sang constituées.
Leurs épaules sont drapées de la dignité la plus absolue, la plus inaltérable, plus dure
Il est des vies étranges, des vies hors-normes... Tu me dis : "Je reste près de vous, de toi, mais suis si loin pourtant, je te vois, tu me vois, mais peux-tu me voir réellement ? Ce n'est pas de ma faute, ce n'est pas de ta faute non plus, je ne me distingue pas, je ne me singularise pas, c'est comme ça..."
Il sont des vies singulières et marginales, vies passées dans des marges sanglantes, boueuses ou dorées, toujours inaccessibles au commun des mortels, des no man's and women land incertains mais obligatoires à la femme, à l'homme, qu'ils sont : libres.
Il est des attitudes de dignité et de vérité exceptionnelles.
photos : José Tomas, Simone Weil, Rom expulsé à Vaux en Velin