En quête d’opinion favorable

Publié le 05 octobre 2013 par Guillaumemeurice

« On ne m’ôtera pas de l’idée que, pendant la dernière guerre mondiale, de nombreux juifs ont eu une attitude carrément hostile à l’égard du régime nazi » ironisait l’humoriste Pierre Desproges. Un trait d’esprit qui appartient désormais au patrimoine humoristique français. Au point même d’avoir fortement inspiré les instigateurs du sondage suivant : « À propos des Roms, diriez vous qu’ils s’intègrent très bien, plutôt bien, plutôt mal ou très mal dans la société française ? ».

Sans surprise, 93% des personnes interrogées pensent que les Roms s’intègrent plutôt mal ou très mal. 93% des personnes interrogées pensent-elles que, sous prétexte qu’ils sont pourchassés, discriminés, leurs logements détruits et que l’accès au travail leur est drastiquement limité, les Roms persistent à ne faire aucun effort pour s’intégrer dans la société française ?

« À propos d’un chevreuil qui se fait attaquer par une meute de loups, diriez vous qu’il est très coopératif, plutôt coopératif, pas très coopératif, ou pas du tout coopératif ? ». « À propos d’un humain qui hurle de douleur suite à une fracture ouverte tibia péroné, diriez vous qu’il reste extrêmement digne, très digne, un peu digne ou pas du tout digne ? ». « À propos de Manuel Valls, diriez-vous qu’il a très bien, plutôt bien, plutôt mal ou très mal assimilé le concept de Pays des droits de l’Homme ? ».

Certes quelques Roms essayent de s’intégrer en commettant divers larcins pour tenter d’imiter l’exemple venu d’en haut. Mais ils demeurent une minorité à agir de la sorte et leurs rapines dérisoires n’excèdent jamais quelques misérables téléphones et autre portefeuilles asséchés de prolétaires défraichis. Rien à voir avec les millions détournés de l’affaire Bettencourt, ni la fraude fiscale de Jérôme Cahuzac, ni les bénéfices des multinationales cachés dans les paradis fiscaux. Pas de quoi imposer le respect. Ni acheter la Justice. Ni commander des sondages.

De plus, leur malhonnêteté n’excède jamais celle, intellectuelle, des initiateurs de ce genre d’enquêtes aux questions orientées qui font l’opinion davantage qu’ils la sondent. Ces études qui, lorsqu’elles sont commandées directement par le gouvernement, permettent aux Français de payer pour savoir ce qu’ils pensent. Ou ce qu’ils sont censés penser.

Celles qui permettent de laisser entendre qu’il y a davantage à craindre d’un étranger miséreux que d’un banquier véreux ou d’un patron voyou. Une impression savamment entretenue dans les plus hautes sphères de l’État. Et on ne m’ôtera pas de l’idée que, actuellement, les Français n’ont pas une attitude suffisamment hostile à l’égard de leurs dirigeants qui se foutent de la gueule du monde et de celles et ceux qui le peuplent.

Guillaume Meurice

05/10/2013