Le groupe HOBA HOBA SPIRIT avait décrit avec un talent certain le “BLED SKIZO” où nous vivons, que nous critiquons continuellement mais que nous aimons tellement!
Les marocains seraient – plutôt étaient… – d’après Reda Allali “schizophrènes“. Oui, peut-être…sûrement même…
Après tout, la schizophrénie n’est, sous certains aspects, qu’une espèce de sur-activité, de double vie, de capacité d’être à la fois ce que nous sommes et ce que nous aimerions être!
Mais depuis quelques temps, je crois que nous avons basculé dans un genre psychologique, plus grave, plus pathologique, plus destructeur!
J’ai l’impression que le “masochisme” semble guider nos actions individuelles et collectives!
Depuis un certain temps, on ne peut relever une action publique qui ne soit marquée du sceau de cette attitude qui recherche la souffrance et l’humiliation et qui finit par s’y complaire!
Et cette attitude est immédiatement reprise par les marocain(e)s notamment ceux qui forment le microcosme médiatique et surtout le nanocosme des réseaux sociaux!
En effet, ce phénomène socio-psychologique se retrouve partout .
A commencer par le comportement totalement incompréhensible de nos hommes politiques :
- Chabbat qui provoque une crise politique, sans proposer de solution!
- Benkirane qui subit la crise politique et n’arrive à s’en sortir!
- Mezzouar qui pourrait sauver le pays mais qui traîne les pieds!
Pourtant, tous les trois sont enlisés dans une position pour le moins inconfortable et ils s’y complaisent! Chacun se plaint de la situation mais personne ne fait le nécessaire pour en sortir!
Dans un tout autre registre, le Maroc a voulu réaliser un geste de “courtoisie diplomatique“ envers le souverain espagnol : et le pays s’est retrouvé dans situation absolument intenable.
Sans le sang-froid du chef de l’état, le pays aurait basculé dans on ne sait pas quelle catastrophe.
Une erreur – une faute diront d’autres – a été l’occasion pour beaucoup d’entre nous de nous auto-flageller, de juger que le pays est au bord de la faillite morale et de la débande gouvernementale.
On a pu ainsi pendant plusieurs jours se rouler dans le masochisme le plus maladif : on tenait enfin la trique pour nous nous punir et on se délectait à la présenter au monde.
Ce que l’on appelait le Danielgate est devenu le miroir où beaucoup bavaient de plaisir à voir notre pays, nos institutions, notre justice, se faire lyncher par tous et partout!
Enfin, certains d’entre nous pouvaient crier haut et fort le dégoût de leur pays, ce pays où beaucoup d’entre eux vivent plutôt bien, plutôt à l’aise, plutôt librement!
Masochistes, certains marocains? Non, mais ils aiment bien quand même se sentir victimes de supposés complots ourdis par des mains invisibles!
On a eu droit encore à l’épisode “Anouzla” : un journaliste sous les verrous! Je comprends parfaitement que la place d’un journaliste ne soit pas derrière les verrous mais devant son PC, pendu à son téléphone, sur le terrain entrain de récolter des informations, de recouper des confidences, de décortiquer des documents! Mais pas derrière des barreaux!
Mais les marocains aiment ce genre de situation ambigüe, floue, où les responsabilités sont diluées : les responsables comme les citoyens! Chacun accuse l’autre, en attendant que le temps passe.
Mettre Anouzla en prison revenait à le rendre martyr, à lui conférer le statut de victime de l’oppression et de symbole de la lutte pour la liberté de la presse!
Pourtant, d’une part, on n’a hésité à prendre cette décision et d’autre part on n’a pas hésité à la dénoncer! Avec le même énergique masochisme : l’arrestation de Anouzla et la dénonciation de cet acte ont provoqué une nouvelle blessure, un nouveau stigmate, une nouvelle douleur dans ce pays.
Et on se complait dans cette douleur : écrans noirs chez les internautes, réactions prudentes chez les journalistes , déclarations ambigües chez les politiques témoignent du même malaise!
Pourtant, rien ne semble être entrepris pour soulager le pays de ce poids inutile : Anouzla n’est ni un héros ni un danger, sa libération ne mettra pas en cause l’existence du Maroc, mais le masochisme ambiant veut que l’on continue à entretenir cet abcès!
Dernier épisode, mais pas nécessairement l’ultime, de cette longue séance de masochisme pourrait-on dire organisé : la lamentable plainte présentée par une improbable association des droits de l’homme contre des gamins qui se sont amusés à se prendre en photo en train de se bécoter et à à mettre cette photo sur Facebook!
Trois adolescents pulvérisés! Trois gamins dynamités! Trois gamins désintégrés!
Pourquoi? Au nom de la morale? Mais de quelle morale s’agit-il?
Trois gamins explosés! Trois gamins sacrifiés!
Pourquoi? Au nom de la justice? Mais que quelle justice s’agit-il?
Le Maroc est trainé dans la boue, à cause de zélés zélateurs à qui personne n’a rien demandé! Encore une nouvelle volée de bois vert médiatique, que le pays ne mérite pas qui satisfait les éternels insatisfaits.
On aurait pu se passer de cette nouvelle affaire! Le société civile et la justice se sont liguées pour porter encore une fois un coup de Jarnac au pays. Et nous voilà encore une fois, pris dans notre propre jeu! Sans parler des nouveaux excès et dérapages qui trouveront leur jurisprudence dans cette monumentale bêtise, quelque en soit l’issue.
Dernier sujet d’autoflagellation et grand moment de masochisme que certains de nos compatriotes vivent avec un plaisir pervers : la candidature du Maroc au Conseil du Maroc des Droits de l’Homme. Beaucoup de nos compatriotes se gaussent en effet de cette candidature, arguant que le Maroc n’en serait pas digne!
Si personnellement je considère que les instances de l’O.N.U. ne jouent pas le rôle qui leur est dévolu et que l’efficacité de leurs actions reste plus que balbutiantes – sauf en de très rares occasions – je ne vois pas en quoi la candidature de mon pays à cette instance serait une “aberration”.
Le Maroc est membre non permanent du Conseil de Sécurité : son poids politique, militaire, économique, est sans commune mesure avec celui de certains membres de ce conseil – dont le rôle n’est ni neutre ni objectif, je le répète ici!
En quoi un incident malheureux touchant la personne de M. Anouzla remettrait en cause la possibilité pour le Maroc de faire partie de cette instance.
Pourtant, encore une fois, nous trouvons là matière à nous faire mal, à nous faire du mal, à dire du mal de nous-mêmes, pour avoir une raison de nous plaindre.
Nous lamenter! Nous plaindre! Regretter! Fustiger celui et celui-là! Nous flageller encore une fois, nous traiter de tous les qualificatifs les plus abjects et nous délecter à voir le monde nous porter encore et encore des coups, certes mérités mais que l’on pouvait éviter, avec une dose minimale de raison et de responsabilité!
Il est temps que l’on se ressaisisse, tous autant que nous sommes!
Que chacun pense un peu à ce pays, à ce peuple!
Mais, je crois bien que la facilité qu’offre la toile et les réseaux sociaux n’est pas sans effet dans ce comportement quasi maladif !
Le masochiste recherche l’humiliation et l’humiliation n’est totale que si elle est offerte aux yeux des autres!
Honnêtement, je préférais de loin la schizophrénie supposée ou réelle de mes compatriotes à ce masochisme de mauvais aloi!
P.S. Voilà l’exemple type de la littérature “masochiste” qui inonde le net marocain : “Pendant que des pays construisent dans la douleur leurs futures démocraties, le Maroc stagne et reste le pays de l’absurde, risée du monde“.
Il s’agit d’un tweet que j’ai découvert par hasard. Je dirais simplement à cet internaute que ce n’est pas en se couvrant la tête de cendres et en se lacérant le visage qu’on changera les mentalités et les comportements et que l’on fera avancer le pays!