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A la recherche du ganglion sentinelle

Publié le 27 août 2013 par Mel_uzine
Berthe,
la première fois que l'on m'a parlé des ganglions sentinelles, j'ai visualisé des petites boules en tenue
de garde britannique, faisant le planton à la frontière sein-aisselle…
A la recherche du ganglion sentinelle
(c)http://his.nicolas.free.fr
Techniquement, ce sont les premiers relais de la chaîne ganglionnaire entre le sein et l'aisselle. Avant l'opération de reprise (pour enlever un peu plus de cellules autour de la tumeur), on part à la
recherche des sentinelles. Si elles peuvent être identifiées, elles sont analysées durant l'opération :
- elles sont saines : on les retire, seules
- elles sont atteintes : tous les ganglions de l'aisselle sont enlevés… et diverses complications
  peuvent apparaître avec le temps (le fameux gros bras notamment).
Le problème lorsqu'une première opération a déjà été effectuée (car il faut bien qu'il y en ait un,
n'est-ce pas), c'est que les liaisons sein-ganglions peuvent être perturbées. Dans ce cas-là, les
sentinelles sont impossibles à repérer… et les ganglions sont tous retirés, par sécurité.
Tu te doutes donc que je ne faisais pas la fière en arrivant au service de Médecine nucléaire.
Déjà "Médecine nucléaire" en soi, ça fout les boules. Alors non seulement je me demandais ce
qu'on allait me faire mais en plus, j'ignorais si l'examen serait une réussite.
On m'installe dans une petite pièce, seins nus bien sûr. Un infirmier arrive alors, un caissons
métallique sous le bras. En voyant les dix sigles "radioactivité", j'ai compris qu'il contenait le
produit à injecter. Le médecin entre :
- Bon, allons-y !
- Vous me faites la piqûre dans le bras ?
- Non, voyons. Dans le sein.
- (silence)
- Mais je vous rassure, c'est complètement indolore. Surtout pour les poitrines généreuses.
J'en suis ravie pour elles mais la mienne est plutôt menue… Je retiens donc mon souffle entre
chaque injection (et il y en a quatre au total). Mais, bien qu'impressionnant, c'est effectivement
indolore.
Ensuite, il faut attendre que le produit trace sa route. Nous optons donc pour une pause quatre
heures réconfortante. Je ne me suis pas mise à rayonner et ma peau n'est pas devenue verte.
Je suis radioactive mais en toute discrétion.
Dernière étape : la radio et le marquage.
Dès le premier passage, mon infirmier s'est écrié : "C'est super ! On voit très bien deux ganglions.
Il n'y a aucun doute". Je lui aurais bien sauté dans les bras mais j'étais seins nus… ça fait un peu
désordre. Il m'a montré l'écran. J'ai pris mon sein pour un ganglion (oh mais c'est énorme !).
Il m'a rassuré (non, c'est le petit point à gauche) et m'a fait une croix au feutre indélébile bleu.
J'ai soufflé, me suis rhabillée et ai retrouvé mes parents pour leur annoncer la bonne nouvelle :
j'ai une chance sur deux de garder un maximum de ganglions.
Nous sommes le 22 mai, je rentre à la clinique le cœur vaillant, prête pour la nouvelle opération
du lendemain matin.
A la recherche du ganglion sentinelle

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