L'œil du tigre

Berthe,
lorsque j'ai ouvert les yeux le lendemain de l'annonce, mes idées étaient bien plus claires que la veille :
1 - tu n'étais pas installée depuis longtemps et en plus, ma tumeur était retirée
     depuis quasiment un mois.
2 - ma vie n'était pas en danger, je le savais et n'avais aucunement peur de laisser tout le monde
     en plan. Mon erreur aura été de ne pas comprendre plus vite que mes proches, eux, avaient
     peur que je meurre. J'aurais dû les rassurer plus tôt… on ne peut pas être parfaite
     sur tous les points…
3 - je n'allais pas me laisser faire comme ça, sans broncher et en subissant tous tes assauts.
     Là, c'était mal me connaître.
Je suis donc allée vaillamment au travail. Il me restait une petite semaine avant l'opération de reprise. Il allait falloir mettre les bouchées doubles pour boucler un maximum de dossiers avant mon départ et mon absence qui s'annonçait longue.
Au fur et à mesure de la journée, j'ai vu la nouvelle se répandre dans ma famille et mon entourage. Les messages de soutien arrivaient régulièrement. La garde rapprochée se mettait en place, prête à partir au combat à mes côtés. Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai compris que j'étais très entourée et aimée. J'avais le moral en me levant. Je me sentais désormais comme Rocky avant de monter sur le ring : remontée à bloc avec l'œil du tigre.
Tu me croyais K.O. Berthe…
Tu te trompais lourdement.
Tant pis pour toi !