A quelques jours du vote des militants communistes de la fédération de Paris dont la direction a voté à 67 % en faveur d'une liste commune avec le PS dès le le 1er tour, j'avoue ressentir un profond dégoût, voire un certain découragement. Par un curieux hasard, ces 67 % renvoient ironiquement aux 67 % d'abstention au 1er tour de la cantonale partielle de Brignoles...
Dans un précédent billet, j'estimais que le PCF devait constituer des listes autonomes avec ses partenaires du Front de gauche, au moins à Paris, Lyon et Marseille, voire Nantes, parce que les municipales auront dans ces grandes métropoles valeur d'élection nationale.
L'unité retrouvée, l'autonomie d'action et la clarté des positions du Front de gauche, si elles n'ont pas été couronnées de succès dans les élections partielles, tant le PS incarne hélas encore la gauche aux yeux de l'opinion, lui donnent malgré tout une bonne visibilité et une vraie crédibilité qui lui ont permis de peser à la présidentielle. Elles lui permettront d'incarner la seule voie démocratique et sociale de sortie de crise face au Front national quand l'UMP et le PS seront complètement rejetés par le peuple.
Puisque Paris n'est pas la France et le Front de gauche ne se réduit pas à un PCF dont l'influence n'est plus celle d'antan, je pense que ces acquis ne disparaitront pas malgré les divisions actuelles du Front de gauche.
Si les communistes parisiens approuvent la ligne opportuniste de leurs dirigeants, ils discréditeront eux-mêmes et exclusivement le PCF dans son ensemble. Après un tel choix, combien militeront pour la liste commune PS-PCF emmenée par Anne Hidalgo ? Combien digéreront cette nouvelle couleuvre ? Combien reprendront leur carte d'adhérent et combien d'élus restera-t-il au PCF après ces municipales ? Combien pensent encore que le Parti a toujours raison ?
Tout militant de gauche lucide est conscient que le PCF est soluble dans le PS depuis le congrès d'Epinay. Par conséquent, les 13 candidats communistes (sur 65) adoubés par le PS - et non imposés au PS après le rapport de forces du 1er tour - ne me feront pas changer d'avis : toutes les élections sont bonnes pour sanctionner le PS, sa politique austéritaire, son abandon des idéaux sociaux de gauche et son adhésion à l'idéologie dominante, soit autant d'éléments qui font du PS une sorte de droite complexée ou modérée par rapport à l'UMP. Hormis le sociétal, l'expérience hollandaise prouve que PS et UMP, c'est bonnet blanc et banc bonnet...
Si les communistes parisiens pensent conserver quelques élus en s'alliant au PS dès le 1er tour, le PCF aura le déshonneur, la défaite et encore moins d'élus... Mais après tout, c'est le problème du PCF parisien, voire du PCF national. A lui de choisir en toute conscience. Ne comptez pas sur moi pour dramatiser ce vote comme le font des militants du Front de gauche qui, me semble-t-il, ont perdu leur sang-froid.
Plutôt que de dramatiser et de mettre le PCF au pied du mur, les autres forces du Front de gauche devraient à la fois laisser les dirigeants du PCF à leurs comptes d'apothicaires, et surtout en profiter pour faire du Front de gauche un véritable parti politique. Par la même occasion, ils devraient revoir le programme L'Humain d'abord, un peu mou du genou sur l'Union européenne en lui donnant la perspective de l'écosocialisme.