Magazine Journal intime

Chimio 1 - le soldat rose

Publié le 15 octobre 2013 par Mel_uzine
Berthe,
en bon petit soldat que je suis, j'ai abordé ma première cure de chimiothérapie dans un état d'esprit tout militaire, avec pour mots d'ordre : organisation, méthode et obéissance.
6h30
Réveil de la caserne au son des trompettes de mon téléphone.
Après un passage rapide mais néanmoins nécessaire sous la douche, il est temps de préparer mon paquetage.
Je sors donc mon cabas à cerises pour transporter tout ce qui me semble indispensable :
  - mon magazine Causette, en cas d'ennui
  - mes grosses chaussettes Hello Kitty si j'ai froid aux pieds
  - ma veste polaire, anti-glamour certes mais réconfortante comme un doudou
  - du baume à lèvres et un aérosol d'eau thermale
  - mon dossier médical
  - et surtout, le petit Bouddha offert par Sœurette.
7h30 : passage à l'infirmerie
La pose de ma chambre implantable étant toute récente, je vais chez mon infirmière préférée pour qu'elle change mon pansement. C'est là que, sournoise, tu décides de lancer une offensive : mon épaule est chaude et l'hématome encore très important. Après avoir contacté le service de chimiothérapie, je rentre à la maison avec, certes, un pansement tout neuf mais aussi beaucoup d'incertitudes. Le quartier général décidera tout à l'heure quelle est la meilleure tactique à adopter : repousser la séance, piquer dans le bras ou utiliser la chambre.
8h : petit déjeuner
Pas facile d'avaler quelque chose car j'ai l'estomac un peu noué avec tout ça.
Une petite ration fera donc l'affaire, complétée par des médicaments.
8h20 : nouvelle ration de médicaments
9h : mise en route du convoi
Le général Belamour mène la manœuvre tandis que le petit soldat rose avance le plus vaillamment possible.
9h20 : commando en place
Après un moment d'observation en salle d'attente, je suis appelée en salle de pique. L'infirmière en chef examine mon hématome. Je stresse un peu. S'il faut me piquer dans le bras, je vais douiller un max ! Heureusement, l'inspection générale est positive : la chambre implantable est fonctionnelle.
Le général Belamour est autorisé à m'accompagner. Nous prenons donc nos quartiers dans une chambre individuelle.
Comme je commence par le Taxotère, je dois revêtir une armure spécifique : casque réfrigérant sur la tête pour retarder la chute des cheveux, brassards froids aux poignets et aux chevilles pour protéger mes ongles (déjà camouflés sous du vernis opaque) et leur éviter de se dédoubler ou de noircir. Je suis un vrai glaçon ambulant !
L'opération "Perfusion sur la banquise" peut débuter.
Les poches de perfusion s'écoulent petit à petit sans rébellion de mon corps.
De ton côté, tu subis les attaques chimiques.
Tu as cherché la bataille, j'ai décidé de te faire la guerre.
Nous sommes le 8 juillet et je viens d'obtenir mes premiers galons de combattante.

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