A l’initiative de la Chambre algéro-allemande de commerce et d’industrie, plusieurs opérateurs algériens des appareils ménagers et de l’électronique « grand public » participent depuis hier, 6 septembre, au salon IFA de Berlin. Ce rendez-vous, qui se poursuivra jusqu’au 11 du mois courant, réunit les plus grands fabricants mondiaux qui exposent leurs produits et présentent les tendances lourdes d’un marché en plein bouleversement et qui connait dans notre pays des mutations rapides.
Reporters : Comment se présente la rentrée pour la Chambre algéro-allemande de commerce et d’industrie comparativement à l’année dernière, et quels vont être, pour cette année, ses grands rendez-vous avec les opérateurs d’entreprises algériens ?
Sarah Ruschkowski : Pour que le marché algérien devienne intéressant pour une clientèle internationale, le climat entrepreneurial devra s’améliorer. Et cela commence avec les problèmes de logistique, les procédures de douane et s’étend aux méthodes de paiement. La Banque centrale n’est pas encore capable d’assurer une procédure transparente et efficace des paiements à l´étranger, condition essentielle pour un climat d’affaires positif. En revanche, il y a des améliorations : l’offre commerciale et industrielle tend vraiment à se diversifier. Même s’il est compliqué pour de nombreuses entreprises de pérenniser leurs activités économiques, il n’en demeure pas moins que de nombreuses firmes se créent et produisent localement. L’AHK est un baromètre de l’activité économique en Algérie, de nombreuses entreprises passent par nos différents services non seulement pour l’achat de machines, de produits, pour la visite de foires en Allemagne, mais également pour la recherche de partenaires. Nous sommes en première ligne des demandes algériennes, ce qui fait de nous un observateur privilégié de la mutation progressive opérée par l’entreprise algérienne.
Nous pouvons ainsi dire que la petite industrie, quel que soit le secteur, tend à se diversifier ; produire en Algérie, voire envisager l’exportation, n’est plus
un rêve inaccessible. La curiosité économique, la recherche de niches d’investissement, la créativité sont perceptibles et c’est pourquoi, cette année, une grande part des activités de l’AHK se
focalisera sur la promotion de l’exportation. C’est un grand chantier que nous avons déjà entamé, notamment dans le domaine de l’agroalimentaire qui a, selon nous, un très fort potentiel. Pour
cela, nous organisons, en partenariat avec les CCI régionales, des journées d’information afin que les producteurs locaux puissent prendre la mesure de leur potentiel.
Fabriquer localement un produit de qualité et tenter l’exportation est possible lorsqu’un accompagnement adéquat est réalisé. Choix des machines et des
partenaires, certification, packaging, marketing, formation du personnel, etc., sont autant de thématiques que l’entreprise doit intégrer. L’AHK a ainsi développé une série de services et
événements pour favoriser cela.
Entre les voyages d’affaires que nous organisons pour sensibiliser les entrepreneurs algériens autour de certains secteurs, l’accompagnement aux foires, pour que
ces derniers soient au plus près de l’innovation, les business meetings entre investisseurs allemands et algériens pour construire le partenariat gagnant-gagnant, l’AHK a un calendrier
économique chargé.
Nous croyons au flair et à la ténacité des entrepreneurs algériens, et nous souhaitons les accompagner dans l’expansion de leurs activités.
En septembre, des opérateurs de l’électroménager et de l’électronique « grand public » se rendront à Berlin pour un Salon dédié à la filière. Combien ces
opérateurs sont-ils ? Quelle importance a cet événement pour eux et comment expliquez-vous que, parmi eux, seule l’entreprise Bomare expose ?
L’électroménager et l’électronique sont des domaines porteurs en Algérie ; les standards s’améliorant, les équipements les plus high-tech font leur entrée dans
les chaumières algériennes. La demande est, quant à elle, de plus en plus exigeante, c’est pourquoi les détaillants et industriels spécialisés dans le montage se rendent à la FIA afin d’estimer
l’état d’avancement des technologies, le type de produits au plus fort potentiel, l’innovation et l’évolution de la sous-traitance à l’échelle internationale. Il est primordial pour les acteurs
du domaine de se rendre sur les foires dans le domaine, et tout particulièrement cette dernière, car c’est là que se décident et s’exhibent les futures tendances de consommation en matière
d’électronique et d’électroménager. L’AHK accompagnera une délégation d’une trentaine d’opérateurs dans le domaine, mais d’autres s’y rendront sans passer par nous. Donc, l’estimation pourrait
être plus importante.
L’entreprise Bomare, qui se rend à cette foire, a stratégiquement préparé sa machine de production pour que celle-ci soit à la hauteur des standards
internationaux. Le succès ne se construit pas en un jour et nécessite une vision qui saura allier performance, qualité, investissement dans les ressources humaines et dans la recherche et le
développement. Bomare a pris le pari de la sous-traitance pour envisager l’exportation. Les entreprises algériennes sont encore intimidées par les marchés extérieurs et se contentent pour
beaucoup de la consommation nationale comme moteur de leur production. Cependant, les entreprises nationales dans le domaine sont à la hauteur d’une ambition plus grande, mais celle-ci
nécessitera un chamboulement plus important de leur méthodologie opérationnelle et managériale.
Mais nous sommes persuadés que l’histoire de l’économie algérienne sera parsemée de success-stories industrielles, à l’image de Bomare et bien d’autres
encore.
Quelle est votre appréciation générale de la présence économique allemande en Algérie ? Et quel regard portent aujourd’hui, selon vous, les entreprises
allemandes sur le marché algérien? Quelles filières les intéressent le plus et que pensent-elles du climat des affaires en Algérie ?
La présence économique allemande en Algérie prend de l’ampleur. En témoigne la visite du ministre fédéral de l’Economie et de la Technologie, celle de la
secrétaire d’Etat à l’Environnement, puis du ministre de l’Economie de la région de Stuttgart. Ces trois hauts représentants du Pouvoir allemand sont venus, accompagnés de délégations d’hommes
d’affaires pour estimer pleinement le potentiel de l’Algérie. En tant qu’organisateurs de ces rencontres institutionnelles, nous pouvons dire que les entreprises allemandes, en venant ici,
prennent conscience concrètement du boom économique et de l’immense potentiel de l’échange gagnant-gagnant ; le fameux transfert de compétences et de technologie contre l’investissement.
Les entreprises allemandes ne connaissent pas réellement le marché algérien, c’est pourquoi nous nous attelons à préparer rencontres et journées d’information à
l’intention des firmes germaniques et des organismes de promotion économique en Allemagne. Le marché algérien est perçu comme très porteur avec de fortes potentialités; la barrière de la langue
n’est pas sentie comme un obstacle et les lourdeurs administratives existent partout.
Il est cependant plus facile pour les grosses firmes allemandes de s’installer en Algérie que pour les PME-PMI. Ces dernières ont besoin d’un accompagnement, car
elles peuvent avoir des soucis d’adaptation et de compréhension du marché. Mais rien n’est insurmontable.
Les commissions mixtes algéro-allemandes sont faites pour faciliter les échanges en identifiant les obstacles et difficultés que les opérateurs des deux rives
pourraient rencontrer. Ces échanges inter-gouvernementaux sur des questions cruciales sont le symbole de la construction d’un dialogue sincère et sain autour de l’économie et du commerce. Tout
n’est pas parfait, mais les solutions sont en construction.
Les domaines porteurs, nombreux, agroalimentaire, pharmaceutique et médical, énergie, environnement, automobile, construction… sont ceux que nous tentons de
promouvoir à travers nos diverses activités.
Écrit par Halim Midouni
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