Je m'appelle Budo
Publié le 28 octobre 2013 par Lael69
Matthew DicksFlammarionTraduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marie Hermet
Paru en Septembre 2013
432 pages
15 euros
Roman ados dès 12 ansThèmes : Enfance, Imaginaire, Autisme, EnlèvementQuatrième de couverture : Aussi longtemps que Max croit en moi, j'existe. Les gens disent que c'est ça qui fait de moi un ami imaginaire. Ce n'est pas vrai : j'ai mes idées et ma vie en dehors de lui. Mais j'étais là le jour où il a disparu. Je sais qu'il est en danger. Et je suis le seul à pouvoir l'aider. A propos de l'auteur : Matthew Dicks est écrivain, conteur et enseignant en école primaire. En 2009, il a réalisé un de ses rêves d'enfant en publiant son premier roman, Something Missing, traduit dans six langues. Son troisième roman, Memoirs of an Imaginary Friend (Je m'appelle Budo) a été traduit dans vingt-deux langues et salué par la critique. En plus des romans, Matthew a écrit un opéra rock et multiplie les projets : il travaille sur plusieurs livres pour la jeunesse, collabore à des revues pédagogiques, écrit de la poésie, des essais et tient un blog. Il vit aux Etats-Unis dans le Connecticut avec sa femme et ses deux enfants. "Je m'appelle Budo, je suis l'ami imaginaire de Max depuis cinq ans, c'est lui qui m'a inventé c'est ainsi que je suis né." Depuis cinq ans, Max a inventé Budo. C'est un ami "imaginaire", mais réel ou pas, Budo aide, protège et réconforte Max qui est atteint du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme. Ses parents sont inquiets et réagissent plus ou moins bien à cette différence. Le père a du mal à communiquer avec Max et sa mère souhaite l'envoyer chez un thérapeute. Mais Max est heureux et préfère rester dans sa bulle avec Budo. La solitude ne lui fait pas peur. Quant à Budo, tout ceci l'effraie car si Max décide qu'il n'a plus besoin de lui, Budo mourra...
Je m'appelle Budo rend hommage à l'imagination des enfants, au pouvoir de l'imaginaire, capable de faire des miracles. C'est un roman intense et inventif aux personnages attachants, au récit cohérent et impeccablement bien construit autour de l'ami imaginaire. L'intrigue est bien menée, mêlant petites réflexions philosophiques, tendresse, amitié et dépassement de soi. Rappelant Le bizarre incident du chien pendant la nuit, Je m'appelle Budo est une histoire pas comme les autres, pourtant elle est réaliste. Max, Budo, mais aussi Mme Gosk, enseignante bienveillante et attentive au bien-être des enfants, tous ces personnages ont quelque chose qui nous évoque des gens que l'on a connu ou que l'on connaît. Madame Patterson est une personne insaisissable. Budo, l'ami imaginaire de Max ne l'aime pas. Il sent quelque chose de mauvais en elle. C'est là que prend toute l'ampleur d'une intrigue qui plonge dans l'enquête policière.
C'est un roman d'apprentissage vraiment original, inédit dans son point de vue narratif : le "je" de Budo accroche dès les premières pages et nous interpelle. On ressent toutes les émotions, les frustrations, les joies de Max à travers le regard attendrissant mais nullement naïf de Budo. L'ami imaginaire est ici synonyme de solidarité, de maturité, de responsabilité, de volonté. Matthew Dicks exploite avec finesse le thème de l'ami imaginaire grâce au regard lucide de Budo : de sa naissance dans l'imaginaire d'un enfant jusqu'à sa disparition, tant redoutée, en passant par son quotidien. C'est un compagnon de tous les instants et qui partage tout. Budo c'est l'être expressif de Max, il sait tout de lui et comprend ses silences. Il nous dit ce que Max aime, ce qu'il n'aime pas, ce qu'il pense, ce qu'il ressent.
Après ce premier temps du livre où l'on écoute Budo, où l'on découvre ses limites, ses pouvoirs, ses capacités, sa condition d'ami imaginaire, le récit sort du psychologique et se dramatise en un évènement que le lecteur, pour le coup, n'a rien vu venir. C'est une tout autre tournure que prend l'histoire. J'ai été complètement bluffée et catastrophée lorsque Max se fait enlever. Commence alors un périple pour le moins étonnant et surprenant, empreint d'attachement, d'affection, de courage et de solidarité car si Budo connaît l'identité du ravisseur, comment faire pour aider Max alors qu'il ne peut communiquer avec les vivants ? C'est la partie où le suspense bat son plein, où l'on stresse pour Budo : comment va t-il réussir à sauver Max alors que personne ne peut l'entendre ni le voir ?
Interprétation exemplaire des silences, des non-dits, des peurs d'un enfant grâce aux explications d'un Budo subtil et pertinent, l'auteur a écrit un roman d'une grande force et d'une densité psychologique rare. Matthew Dicks nous offre un roman réfléchi à la fois tendre, drôle et touchant. Porteur d'espoir, lumineux et qui fait battre le coeur, c'est un coup de coeur que je ne suis pas prête d'oublier. Tous les thèmes importants en littérature de jeunesse sont ici réunis : la mort, la croyance, le regard des autres sur l'autisme, le pouvoir immense de l'imaginaire sur le réel, l'amitié... Intelligent, atypique, émouvant, remarquable... juste parfait!
« C'est bizarre, un ami imaginaire. On ne peut pas tomber, ni être malade, ni étouffer, ni attraper une pneumonie. La seule chose qui peut nous tuer, c'est qu'on cesse de croire en vous. »
Un grand merci à Brigitte des éditions Flammarion.