J’ai relu avec gourmandise une des dernières interviews que Kurt Cobain a accordée au magazine Rolling Stone, juste avant qu’il ne mette fin à ses jours.
Nirvana, trajectoire météoritique pour un groupe désormais légendaire, dont le poids du succès foudroyant et brutal reposait essentiellement sur la créativité (et sur les épaules) de son leader Kurt Cobain.
Très lourde charge pour cet artiste auquel furent associés les habituels clichés des rocks stars : drogue, alcool, violences conjugales et… suicide, en donnant l’impression que cette aristocratie du rock a méthodiquement géré d’une manière homogène sa relation au succès : Jim Morrison, Ian Curtis, Jimi Hendrix…
Heureusement, tous ne succombent pas, et pour ceux qui sont partis : reste leur musique.
Un des aspects les plus intéressants de cet article repose sur les questions du journaliste sur ce que l’on peut appeler le « processus créatif » de Kurt Cobain, ce qui l’a amené par exemple à écrire la chanson grunge ultime « Smells like teen spirit » qui lança un style musical dont des dizaines de groupes se sont inspirés.
Kurt Cobain a admis qu’il ne s’est pas senti créer un phénomène musical en composant cette chanson. Toutefois, piégé dans la violente bourrasque que ce single a provoqué , il a avoué en faire une sorte d’overdose et ne se sentit rapidement plus capable de le jouer en concert, au grand dam des spectateurs en attente d’une prestation live.
L’autre aspect anxiogène de la fulgurance du succès de « Smells like teen spirit » fut que cela créa une attente telle chez les fans car cela mettait une vraie pression sur les albums qui allaient succéder au mythique Nevermind, dont était extraite la chanson. Hey Kurt, t’es cap de faire mieux ? Pas eu réellement le temps…
Ce n’était pas prévu mais puisque je suis dans le registre des chanteurs cultes, je ne peux pas passer sous silence la disparition de Lou Reed il y a quelques jours, qui emporte avec lui ses outrances, sa mauvaise humeur, son addiction passée à l’héroïne et autres substances délirantes, et son génie aussi.
Que ce soit en solo ou avec l’insurpassable Velvet Underground, Lou, merci pour tout. Ça me fait penser qu’il faut se préparer, mais est-ce possible, au départ pour les étoiles d’étoiles qui brillent encore si intensément, les Mac Cartney, Clapton, Dylan, Bowie…
Prenez votre temps.